Traces de sang, combustion... les experts entendus au sixième jour du procès Troadec

Croquis d'audience montrant le principal accusé de l'affaire Troadec Hubert Caouissin (g) et sa co-accusée Lydie Troadec (d) ainsi que d'autres protagonistes du procès qui s'est ouvert devant la cour d'assises à Nantes, le 22 juin 2021 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
Dans quelles conditions un corps peut-il brûler dans une chaudière? Des traces de sang peuvent-elles attester qu'une personne a été tuée par un objet contondant? Les experts ont apporté leur éclairage, mardi, au 6ème jour du procès du quadruple meurtre de la famille Troadec.
"En l'absence de corps, c'est toujours compliqué", résume un expert génétique, qui explique comment a été identifié l'ADN de Pascal et Brigitte Troadec et de leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 21 ans, tués à Orvault, près de Nantes, en février 2017.
Des corps décapités et partiellement brûlés
Hubert Caouissin, le meurtrier présumé et beau-frère de Pascal Troadec, a expliqué durant les premiers jours du procès comment il avait tué en pleine nuit les quatre adultes à coup de pied de biche, avant de transporter les corps qu'il a décapités et en partie brûlés dans la chaudière de sa ferme isolée du Finistère.
"Je fragmentais les corps au fur et à mesure" avant d'en faire brûler une partie, a expliqué l'accusé, vêtu d'une chemise bleue froissée, à la présidente de la cour d'assises, qui l'interrogeait en présence de deux experts incendie. "Par réflexe, ce qui est mouillé, je ne le mets pas" à brûler, a-t-il répondu pour expliquer pourquoi il avait dépecé les corps avant de les mettre au feu. "Je le fais depuis toujours", "c'est un concept élémentaire" de ne pas brûler ce qui est mouillé, a poursuivi Hubert Caouissin dans un échange semblant déconnecté de l'horreur de la situation décrite.
Tout au long de cette sixième journée de procès, les experts se sont penchés sur les détails macabres de ces meurtres motivés, selon l'accusé, par l'existence d'un "magot" familial que le couple Troadec aurait dissimulé à son détriment.
"Au vu du morcellement des corps, nous ne pouvions pas envisager une autopsie classique", a relevé le médecin légiste interrogé dans l'après-midi.
Des centaines de morceaux de restes humains
Il a détaillé comment les 379 morceaux de restes humains dispersés par Hubert Caouissin sur sa propriété de 24 hectares ont été analysés.
Un foie, deux utérus ou encore une partie de vessie ont ainsi pu être identifés, mais les quatres crânes n'ont jamais été retrouvés malgré l'exploration de 1.330 mètres carrés de terrain où l'accusé avait indiqué les avoir ensevelis.
Le légiste a relevé que l'éviscération à laquelle l'accusé avait procédé était "extrêmement compliquée et difficile à réaliser", notant que le coeur de Pascal Troadec n'avait pas été retrouvé, ce qui selon lui "traduit forcément un processus volontaire".
"Je ne sais pas, je ne me rappelle pas avoir fait ça", a indiqué Hubert Caouissin, qui n'a pas non plus apporté d'explication au fait que seuls 326 grammes de fragments d'os ont été retrouvés, ce qui représente "moins de 10% du poids minimal" des squelettes de quatres adultes crématisés, selon l'experte anthropologue.
Verdict attendu le 8 ou 9 juillet
Un expert en morphoanalyse des traces de sang a lui fait défiler sur un écran des photos de l'intérieur du pavillon des Troadec pour y montrer à quels endroits des traces ont été retrouvées.
Sur la rambarde de l'escalier, dans la chambre de Charlotte qui avait accroché aux murs des posters de l'actrice Marilyn Monroe et de taxis jaunes new-yorkais, sur le portable de Sébastien et jusqu'au plafond: du sang a été retrouvé partout.
"Le modèle n'est pas complet", a regretté l'expert, mais ce qui a été retrouvé semble confirmer qu'il n'y a pas eu usage d'une arme à feu, mais bien d'un pied de biche ou potentiellement d'une barre à mine.
Hubert Caouissin encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 8 ou le 9 juillet.