Scandale du charnier de Paris-Descartes: 67 plaintes déposées et une procédure judiciaire au ralenti

Rassemblement du collectif des Proches des victimes du charnier de Descartes, le 27 février 2020, devant la faculté de médecine de Paris. - Esther Paolini
Six mois se sont écoulés depuis les révélations de L’Express sur la présence d’un véritable charnier au sein du Centre du don du corps de l’Université Paris-Descartes. Six mois durant lesquels 67 familles ont déposé plainte pour “atteinte au respect dû aux morts” auprès du pôle santé du parquet de Paris, indique à BFMTV.com Me Frédéric Douchez, confirmant des informations de Paris Match. Plusieurs autres doivent arriver ces prochains jours. Mais pour l’heure, toujours aucun juge d’instruction n’a été saisi, se désole le représentant des plaignants.
Environ 160 corps incinérés par an sans étude
L’avocat toulousain reçoit régulièrement de nouveaux témoignages de familles de donateurs à la recherche de réponses sur les conditions indignes dans lesquelles les corps ont été gardés. Des réponses qu’elles n’ont pour l’heure pas trouvé par la justice.
“Je m’étonne que sur un dossier aussi sordide, aucune information judiciaire n’ait été encore ouverte.”
Alors que le centre a mis à disposition ses archives, aucune perquisition n’a été ordonnée dans cette université située en plein coeur du quartier de Saint-Germain. Des auditions auraient bien eu lieu, “mais on ne sait pas de qui, ni quand elles se sont déroulées”, abonde Me Douchez.
Climatisation défectueuse, présence de rats, corps entassés… “C’est honteux un tel scandale sanitaire. Un charnier digne des camps de concentration”, ose l’avocat. Selon les documents et photographies collectés, environ 160 corps par an, soit “20 à 25% des dons annuels au centre”, ont été directement incinérés sans avoir fait l’objet d’étude, en raison de leur état de dégradation.
Les familles constituées en association
Pour l’heure, les réponses ne viennent pas non plus de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui avait ouvert une enquête après les premières publications dans la presse. Celle-ci devait rendre ses conclusions à la ministre fin mars. Mais le coronavirus est arrivé et aucune nouvelle date n’a depuis été communiquée aux familles.
Un “retard” ou une “inaction” que certains plaignants “vivent très mal”, reconnaît auprès de BFMTV.com Baudouin Auffret. Celui dont le père a donné son corps au centre parisien en 2017 refuse toutefois d’être “défaitiste”.
Depuis leurs premières actions cet hiver, les proches des donateurs sont restés en contact et se structurent maintenant en association - publiée ces prochains jours au Journal Officiel -. “Il y a des familles qui n’ont pas le courage de mener le combat judiciaire, l’association sera là pour ça.” C’est aussi un moyen de connaître et de rassembler les autres plaintes possibles déposées individuellement. Si le dossier reste au point mort, l’association se constituera partie civile. “On n'a pas juste braillé quelques mois pour se taire après”, prévient Baudouin Auffret.