Procès d'Outreau: Thierry Delay disculpe Daniel Legrand

Thierry Delay quitte le palais de justice de Saint-Omer le 1er juin 2004. - Philippe Huguen - AFP
Son audition était très attendue. Thierry Delay, condamné à 20 ans de réclusion pour le viol de ses enfants en 2004, a disculpé mardi, face à ses fils, Daniel Legrand, un des acquittés d'Outreau qui comparaît à Rennes depuis le 19 mai pour des accusations de viols portant sur la période où il était mineur.
Intervenant par vidéoconférence, Thierry Delay a réaffirmé à plusieurs reprises que seul lui, son ex-femme Myriam Badaoui et un couple de voisins, tout quatre condamnés en 2004 au premier procès d'Outreau, avaient violé ses fils.
"On n'était que quatre"
Et ce, même face à l'un de ses fils, Jonathan Delay, 21 ans, qui soutient le contraire. "Tu confirmes qu'il n'y avait pas d'autres adultes? J'aimerais que tu le dises face à moi", a demandé Jonathan, autorisé par le président à s'adresser à son père depuis la cour d'assises de Rennes. "On n'était que quatre. Il y avait pas d'autres adultes", a répondu, d'une voix sourde, mais ferme, son père.
"Ça fait onze ans que tu n'as pas vu mon visage, est-ce que tu peux me dire pourquoi avoir commis ces choses?" lui a enfin demandé Jonathan. "J'avais pas ma tête à moi, j'étais pas dans un état normal", a soupiré Thierry Delay, incarcéré depuis 2001 et condamné en 2004 à 20 ans de réclusion criminelle pour ces viols.
Quelques minutes avant, c'est Chérif Delay, 25 ans, violé dès l'âge de 5 ans, qui a pu, quelques minutes, parler à son ancien tortionnaire: "Je fais 1,82 m, 71 kg et j'ai plus peur de toi!" "Quand je te regarde, quand je te vois là, tu me fais pitié!" a ajouté Chérif à l'adresse de cet homme de 51 ans, amaigri et malade. Lors de la première semaine du procès, Chérif, comme son frère Jonathan, a affirmé que Daniel Legrand était l'un des auteurs des agressions subies dans son enfance.
"J'ai violé que mes enfants"
Très laconique, parfois difficilement intelligible dans la majeure partie de ses réponses, Thierry Delay, qui a dit être atteint d'une sclérose en plaque, a néanmoins été très ferme dans ses déclarations tant sur le nombre d'adultes -seulement quatre- et d'enfants impliqués dans les viols.
"J'ai violé que mes enfants", a-t-il assuré, alors qu'il a été condamné en 2004 pour les viols de neuf enfants et l'agression sexuelle de douze en tout (dont les siens), soit le chef d'accusation initial de l'instruction du juge Fabrice Burgaud.