Pourquoi le juge de Nanterre avait placé en détention le policier auteur du tir mortel sur Nahel

Éviter toute concertation. C'est l'argument principal retenu par le juge des libertés et de la détention du tribunal de Nanterre qui jeudi dernier avait décidé du placement en détention provisoire du policier auteur du tir mortel sur Nahel, selon un document judiciaire consulté par BFMTV.
Placé en garde à vue peu après le contrôle routier au cours duquel Nahel, 17 ans, a été tué par un tir de ce policier, Florian M. a été mis en examen pour "homicide volontaire". Comme le veut la procédure, il a ensuite été présenté à un juge des libertés et de la détention qui avait prononcé son placement en détention, sur la base de critères bien définis, le temps de la tenue de l'information judiciaire.
Protéger le policier
En premier lieu, cette décision a visé à préserver l'enquête et notamment éviter tout contact entre le policier mis en cause et son collègue présent lors du contrôle, ou éviter tout risque de pression sur des témoins, par exemple. Pour le magistrat de Nanterre, ni les auditions des deux policiers, ni leur confrontation, n'avaient permis de déterminer lequel des deux fonctionnaires avait prononcé la phrase faisant référence à "une balle dans la tête".
Les premiers résultats des analyses menées par l'IGPN, et notamment celle de la bande son de la vidéo témoin montrant le drame, viennent tout juste d'arriver entre les mains des juges d'instruction. Ces analyses établissent que la phrase "tu vas prendre une balle dans la tête" a bien été prononcée. Selon cette première expertise, ces mots peuvent être attribués au collègue du policier auteur du tir, comme l'indique Le Parisien et confirmé par BFMTV.
Des expertises plus poussées doivent être menées, pour confirmer ou infirmer cette première interprétation.
Son maintien en détention confirmé
Dans un second temps, le placement en détention du policier de Nanterre s'explique aussi, aux yeux du magistrat, comme une manière de le protéger. Alors que de nombreuses violences ont éclaté à la suite de la mort de Nahel, que le nom de ce fonctionnaire a circulé sur les réseaux sociaux ainsi que son adresse, la prison reste, selon le juge de Nanterre, le meilleur moyen de le protéger.
Un jeune homme a d'ailleurs été jugé il y a une semaine par le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir partagé les informations personnelles de Florian M. sur Snapchat.
Depuis, Florian M. a été placé à l'isolement à la prison de la Santé à Paris, établissement habitué à accueillir des personnalités ou des profils sensibles. "On m'a assuré que toutes les mesures de sécurité étaient prises pour s'assurer qu'il ne puisse rencontrer aucun autre prévenu, sachant les profils lourds qui sont incarcérés au même étage, à quelques cellules de ce policier", a indiqué sur BFMTV Romain Baubry, qui au titre de son mandat de député a pu visiter mercredi dans la prison de la Santé.
Ce jeudi, la cour d'appel de Versailles a confirmé ce placement en détention. Selon l'avocat de Florian M., la justice a, cette fois-ci, retenu le risque de trouble à l'ordre public comme critère pour motiver cette décision. Le policier avait contesté cette incarcération, estimant servir de "fusible", selon Me Lienard, pour "calmer les émeutiers".