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Police-Justice

Pesticides: la famille d'un viticulteur porte plainte pour homicide involontaire

James-Bernard Murat, viticulteur en Gironde, a pulvérisé de l'arsénite de sodium sur ses vignes pendant plus de 40 ans.

James-Bernard Murat, viticulteur en Gironde, a pulvérisé de l'arsénite de sodium sur ses vignes pendant plus de 40 ans. - Jean-Sébastien Evrard - AFP

James-Bernard Murat, un viticulteur de Pujols en Gironde, est mort d'un cancer, reconnu comme maladie professionnelle liée à l'utilisation de pesticides, en 2012. Sa famille a décidé de déposer plainte contre X pour homicide involontaire.

Alerter les agriculteurs et l'opinion publique sur les dangers de l'utilisation des pesticides. La famille de James-Bernard Murat, un viticulteur de Pujols, près de Bordeaux en Gironde, va officiellement déposer plainte ce lundi contre X pour "homicide involontaire" devant le Pôle de santé publique du Tribunal de grande instance de Paris. Cet exploitant avait été exposé aux pesticides pendant plus de 40 ans, développant un cancer dont il est mort en 2012.

De 1958 à 2000, James-Bernard Murat a utilisé de l'arsénite de sodium pour protéger ses ceps de vigne de l'esca, une maladie due à des champignons parasites. En février 2011, son cancer est reconnu comme maladie professionnelle liée à l'utilisation de ce produit, pourtant interdit depuis les années 70 dans l'agriculture, mais pas dans la viticulture. Il n'a été prohibé qu'en novembre 2001. "Nous voulons remonter le fil des responsabilités", explique dans les colonnes du Parisien - Aujourd'hui en France Valérie Murat, la fille de la victime.

De nouveaux cas?

Outre l'homicide involontaire, la famille, soutenue par l'association Générations futures, va également porter plainte pour "omission de porter secours, abstention délictueuse et délit de tromperie". "Je veux savoir pourquoi on a laissé des agriculteurs s'empoisonner. Juste pour de jolies bouteilles de vin", s'interroge Valérie Murat.

"L'arsénite de sodium était présent dans des produits homologués dont les agriculteurs ne se méfiaient pas."

Dans la quotidien, la fille de James-Bernard Murat met en évidence l'implication des entreprises commercialisant ces pesticides mais pointe également la responsabilité de l'Etat. "Si le ministère de l'Agriculture avait bien fait son boulot, il aurait vérifié et interdit la vente de ces produits", insiste auprès du Parisien, Valérie Murat, ajoutant qu'il n'a fallu à son père qu'un traitement par an pendant trois à cinq jours pour tomber malade. "On peut donc s'attendre à de nouveaux cas dans les prochaines années", prévient-elle.

Le dépôt de la plainte de la famille Murat intervient dix jours après que la cour d'appel de Bordeaux ordonne une expertise médicale dans une autre affaire d'agriculteur mort à cause des pesticides. Denis Bibeyran, viticulteur dans le Médoc, est mort à 47 ans des suites d’un cancer du foie. Une maladie qui serait liée aux pesticides que le vigneron a pulvérisé sur la vigne pendant plus de 20 ans, selon Marie-Lys Bibeyran, sa soeur.

Justine Chevalier