Paris: qui est Martial L., sympathisant d'extrême droite soupçonné de meurtre?

Martial L. a été mis en examen lundi, soupçonné d'avoir tué un homme de 27 ans d'une balle dans la tête en tentant de s'interposer dans une rixe, dans le 18e arrondissement de Paris.

La scène s'est déroulée en quelques minutes. Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 3 heures du matin, trois hommes rouent de coups un quatrième, boulevard de Clichy, dans le 17e arrondissement de Paris.

Un individu, étranger à la rixe et qui passait par là au volant d'une BMW, décide d'intervenir. Alors qu'il descend de voiture, l'un des agresseurs, Eric C., lui aurait ordonné de "dégager". Le conducteur retourne à son véhicule, s'empare d'un Colt 45, et l'exécute d'une balle dans la tête.

Rapidement localisé grâce aux images de vidéosurveillance et interpellé par les services de police après le meurtre, l'homme a été placé en garde à vue, puis mis en examen, lundi, pour "meurtre". Il s'agit de Martial L., sympathisant d'extrême droite, adepte des théories du complot et ouvertement opposé aux mesures sanitaires contre le Covid-19.

Adepte des théories conspirationnistes

Né en Haute-Saône et âgé de 50 ans, Martial L. s'est notamment fait connaître au cours d'une séquence de "Balance ton post", datée de septembre 2020. Cette émission, présentée par Cyril Hanouna et diffusée sur C8, tourne ce jour-là autour de la question "Comprenez-vous les anti-masques?". Martial L. prend alors la parole, émergeant du public et se présentant comme un "chanteur", "clochard et youtubeur".

Il interpelle un médecin participant à l'émission, dénonçant des "gérontocides" (sic) en évoquant la théorie complotiste selon laquelle l'État injecterait du Rivotril - un médicament dans le viseur des conspirationnistes - dans le corps des pensionnaires des Ehpad dans le but de les euthanasier. Après avoir ri de sa virulence, Cyril Hanouna avait fini par le couper.

Des appels à la haine sur les réseaux sociaux

Sur YouTube, Dailymotion et sur ses réseaux sociaux, il dénonçait ces deux dernières années une "dictature sanitaire", appelant les Français à se rebeller contre la gestion de la crise du Covid-19 par le gouvernement. Mais son apparition sur les réseaux sociaux remonte à plusieurs années.

Dans des vidéos enregistrées face à sa webcam, il parle de son admiration pour le militant d'extrême droite Serge Ayoub, ou encore le polémiste Alain Soral, notamment condamné pour contestation de crimes contre l'humanité. Il affirme encore que "les Français en ont ras-le-bol de l'immigration [...] qui engendre des enfants qui n'aiment pas la France", et fait appel à des références antisémites.

Il déclare également avoir quitté la France pour le Japon en 2012 afin de "fuir la racaille". Selon les informations de Marianne, qui a eu accès à son compte Telegram, Martial L., aurait par ailleurs appelé ses contacts à "éliminer" les Juifs, quelques heures seulement avant le meurtre d'Eric C..

"Le mobile raciste doit être étudié"

La victime, âgée de 27 ans, père d'une petite fille de 7 ans et connu des services de police pour des faits de délinquance, était née d'une mère marocaine et d'un père espagnol. Me Avi Bitton, l'avocat de sa famille, espère que l'ouverture d'une instruction à l'encontre de Martial L. permettra d'établir si son passage à l'acte était bien lié à un mobile raciste.

"Ce qui me pousse à dire que la question du mobile raciste se pose légitimement et doit être étudiée, c'est d'une part le profil du mis en examen: un militant qui, depuis des années, tient des propos racistes et lance des appels à la violence. D'autre part, c'est le profil de la victime, d'origine maghrébine et de religion musulmane", avance l'avocat, contacté ce mardi par BFMTV.com.

"Si la victime avait été blonde aux yeux bleus, est-ce que Martial L. lui aurait tiré dessus? C'est la question que je me pose", conclut Me Avi Bitton.

Elisa Fernandez