Meurtre d'Elodie Kulik: 30 ans de réclusion criminelle requis en appel contre Willy Bardon

Croquis d'audience montrant Willy Bardon (ée à g) dans le box des accusés devant la cour d'assises d'appel de Douai, le 14 juin 2021 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
L'accusation a requis mercredi une peine de 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Willy Bardon, à son procès en appel à Douai (Nord), pour "viol en réunion", "enlèvement et séquestration suivis de mort" commis sur Elodie Kulik en 2002.
En première instance, en 2019 devant la Cour d'assises de la Somme, il avait été condamné à trente ans de réclusion pour les mêmes infractions, et acquitté du chef de meurtre. Immédiatement après l'énoncé du verdict, il avait tenté de se suicider en ingurgitant un pesticide.
"Ce n'est même pas la durée de la courte vie d'Elodie Kulik"
Il comparait depuis le 12 juin devant la Cour d'assises d'appel du Nord, clamant toujours son innocence, comme depuis le début de l'enquête il y a près de vingt ans.
"Il apparaît plus que vraisemblable qu'Elodie Kulik", 24 ans alors, "a été extraite très violemment et contre sa volonté" de sa voiture accidentée, cette nuit du 10 au 11 janvier 2002, et "emmenée" à six kilomètres de là, pour y être "violée, tuée et brûlée", a estimé l'avocate générale, Pascale Girardon. "Il est évident" que le viol était "le seul, l'unique mobile de ce crime".
"30 ans, ce n'est même pas la durée de la courte vie d'Elodie Kulik", a-t-elle ajouté. "Cette salle résonne encore des gémissements d'effroi d'Elodie Kulik", avait lancé plus tôt la substitute générale Annelise Cau.
Sa voix reconnue dans un enregistrement de la victime
Cette nuit-là, Elodie Kulik rentre chez elle, roule à 60 km/h, "freine sans raison apparente, glisse, fait un tonneau", et appelle immédiatement les secours, laissant aux enquêteurs un enregistrement de 26 secondes, glaçant et "crucial" dans l'affaire, a-t-elle rappelé. Malgré la mauvaise qualité de la bande, "ce qui est sûr, c'est qu'on va retrouver une discussion entre deux hommes", a-t-elle dit.
"Le corps martyrisé d'Elodie a désigné un coupable": Grégory Wiart, dont le sperme retrouvé sur la victime a été identifié en 2012 grâce à une nouvelle technique de recherche ADN. Décédé en 2003, il n'a jamais été interrogé, et l'enquête s'est alors tournée vers ses proches, a raconté Annelise Cau.
Mais l'appel au secours "en a désigné un autre", a-t-elle assuré, fixant Willy Bardon dans le box. "Ce qui distingue Willy Bardon, c'est sa proximité avec Grégory Wiart", a assuré Pascale Girardon. Mais surtout, "c'est la reconnaissance de sa voix" dans l'enregistrement, tout au long de l'enquête, par plusieurs de ses proches.
"Willy Bardon reconnaît sa propre voix. N'est-ce pas un demi-aveu que de reconnaître vingt fois que c'est sa voix, ou que ça y ressemble ?", a-t-elle interrogé.