Lévothyrox: le tribunal de Saint-Gaudens déboute les plaignants

Une quarantaine de patients qui souhaitaient obtenir une livraison de l'ancienne formule du Levothyrox ont été déboutés. En novembre, un autre tribunal de Haute-Garonne avait pourtant condamné le laboratoire à fournir l'ancienne formule à 25 patients.
Le tribunal de Saint-Gaudens en Haute-Garonne a débouté mardi une quarantaine de patients souhaitant obtenir du laboratoire Merck la livraison de l'ancienne formule du Lévothyrox, a rapporté l'avocat des plaignants, qui indiquent souffrir d'effets secondaires de la nouvelle formule du médicament.
Le juge des référés, qui a également rejeté la demande d'indemnisation pour "préjudice d'angoisse", a basé sa décision sur plusieurs arguments: "absence de certificats médicaux" sur les effets néfastes du médicaments, "existence de substituts", "seulement 0,6% soit 15.600 des 2,6 millions personnes traitées par Lévothyrox concernées par ce problème et mise sur le marché par le laboratoire de 218.080 boites", a expliqué Me Jacques Lévy.
Les plaignants vont faire appel
La décision du tribunal de Saint-Gaudens va dans le sens opposé à celle du juge des référés de Toulouse, qui avait condamné le 14 novembre le laboratoire à fournir "par le biais des circuits de distribution et de commercialisation, sans délai" le produit ancienne formule aujourd'hui dénommé Euthyrox à 25 patients de la Haute-Garonne.
Merck a fait appel de la condamnation toulousaine, qui était assortie d'une astreinte de 10.000 euros par jour et par infraction constatée. Me Lévy a dit qu'il interjetait appel de la décision de Saint-Gaudens. Ce jugement "reprend les arguments de Merck sans tenir compte des nôtres", a-t-il déploré auprès de l'AFP.
Il a assuré que les absences de certificats médicaux s'expliquent par "le refus des médecins d'en faire sur le conseil du Conseil du l'ordre" et que les chiffres donnés par le laboratoire ne représentent pas la réalité du terrain. "La plupart des patients n'a pas fait de déclaration" et les 218.080 boites représentent "1,5 boîte par pharmacie", a-t-il affirmé.
Une décision "logique" pour le laboratoire
Thierry Hulot, le patron des activités de Merck en France, s'est réjoui d'une décision "logique": le tribunal "a reconnu que, dans ce dossier, il n'y avait ni urgence ni préjudice d'angoisse", et que le laboratoire "a largement fait ce qu'il fallait pour accompagner les patients", a-t-il réagi.
Les audiences en appel pour les dossiers de Saint-Gaudens et Toulouse pourraient être réunies en une seule dans un délai "de trois à quatre mois", selon Me Lévy.
Le 11 janvier, une nouvelle décision en référé doit être rendue par le tribunal de Toulouse. Vingt-trois patients ont demandé la livraison de l'ancienne formule de Lévothyrox.
Par ailleurs, d'autres audiences sont prévues. L'association Vivre sans thyroïde a déposé un référé devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris, lequel sera étudié le 26 janvier.
Me Lévy prépare encore plusieurs assignations: Castres (Tarn) en janvier, puis plus tard à Montauban, Pau, Albi... Enfin, une action collective a été lancée devant le TGI de Lyon, où se trouve le siège de Merck pour la France. Le procès est programmé en octobre 2018.
Votre opinion