Les petits excès de vitesse font de plus en plus de morts

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La proportion d'accidents mortels liée à de petits excès de vitesse (moins de 10km/h au-dessus des vitesses autorisées) a presque doublé en dix ans : elle est passée de 7% à 13%. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar), publiée dans la revue internationale de référence en matière de sécurité routière, Accident Analysis and Prevention.
L'étude démontre par ailleurs l'utilité des radars dans la réduction des accidents. Entre novembre 2003 (date de l'installation des premiers radars automatiques) et décembre 2010, ils ont permis d'éviter quelque 77 000 accidents dont 15 000 mortels. Et le taux de mortalité pour 100 000 véhicules a diminué de 42% en 7 ans.
« Je ne fais pas attention »
Qu'en pensent les automobilistes ? Pascal a perdu son permis il y a 5 ans, à cause de petits excès de vitesse répétés. Mais même aujourd'hui, lorsqu'il conduit, il avoue : « Je ne fais pas attention, tout simplement. 5km/h de différence, ça ne fait pas non plus beaucoup d’écart, et puis on ne fait pas systématiquement gaffe. Par contre, à une vitesse plus élevée, là je respecte. Mais à 50, j’avoue qu’entre 50 et 55, des fois c’est juste ».
« A 50km/h on peut s’arrêter en une douzaine de mètres, mais… »
Pourtant, même à quelques kilomètres heures au-dessus de la limite, des accidents mortels peuvent arriver. Claude Got, spécialiste des risques routiers : « Quelqu’un qui est très attentif à 50 à l’heure peut s’arrêter en une douzaine de mètres. Il suffit qu’il ajoute 2, 3, 4 mètres supplémentaires en distance de freinage, et le cycliste ou le motocycliste qui viendra sur sa droite sera heurté, au lieu de s’arrêter juste avant de le heurter ».
« On ne peut pas comparer agglomération et autoroute »
Les petits excès de vitesse sont-ils aussi dangereux que le révèle cette étude ? « Non, répond sans hésiter Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes. Il faut arrêter de vouloir à tout prix associer ce petit écart à un comportement criminel, car ce n’est absolument pas le cas. On ne peut pas comparer un écart de vitesse en agglomération dans des petites rues qui peuvent être dangereuses, à une ligne droite sur autoroute. En aucun cas il faut pointer du doigt les petits écarts, qui ne sont pas accidentogènes quand les conditions le permettent ».
« La vitesse, 1er facteur de mort sur la route »
Un point de vue que ne partage pas du tout Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière : « Oui les petits excès de vitesse sont dangereux et nous le savons depuis des années, la vitesse est le premier facteur de mort sur la route, ainsi que le premier facteur de blessures graves. Donc il faut se caler sur cette nouvelle étude et informer, pour que les gens acceptent de respecter les limitations de vitesse sur l’ensemble du territoire ».