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Police-Justice

Le "super flic" qui a tué Mesrine témoigne: "Nous avons tiré dans le cadre de la légitime défense"

Dans son livre, Dans le secret de l'action, Jean-Louis Fiamenghi explique comment il a tiré une balle dans la tête de l'ennemi public numéro un. Une version contestée par Bruno, le fils de Jacques Mesrine.

Ce sont des détails qui sont restés confidentiels pendant plus 35 ans. Jean-Louis Fiamenghi, un ancien "super flic" qui a notamment dirigé le Raid, raconte, dans son livre Dans le secret de l'action publié cette semaine chez Mareuil Editions, la traque et les derniers instants de Mesrine, le 2 novembre 1979. BFMTV a recueilli son témoignage. Jusqu'à présent, les identités des policiers n'avaient jamais été divulguées à la demande notamment du "tombeur" de Mesrine, qui était à leur tête, l'ancien grand policier Robert Broussard. 

"Une douzaine de juges d'instruction se succéderont pour obtenir nos identités" et les entendre, écrit l'ancien grand flic en évoquant ces procédures.

La hiérarchie et Broussard ont "tenu bon" pour ne pas compromettre leurs carrières, selon lui, "alors que nous n'avons fait que réagir en état de légitime défense" dans une "affaire de banditisme", pas "d'Etat".

Un souvenir vivace des derniers instants de Mesrine

'Le super flic Fiam", pour les intimes, ou "Bébel" pour sa ressemblance avec l'acteur Jean-Paul Belmondo, se trouvait dans le camion bâché de la police qui pistait le truand. C'est de là que sont partis les coups de feu le tuant net alors qu'il était, armé, au volant d'une voiture à la porte de Clignancourt, au nord de Paris. Fiamenghi assure que c'est une balle de 9mm, dont seule son arme était dotée, qui a atteint Mesrine en pleine tête. Il livre une photo inédite des policiers auteurs des tirs.

Il raconte la scène comme si c'était hier. "Lorsque Jacques Mesrine a vu les fonctionnaires qui venaient l'interpeller", ce dernier a refuser de se plier aux injonctions des policiers, commence-t-il.

"Ce geste d'aller se saisir de ses armes ou des grenades a fait que nous n'avons pas attendu qu'il en prenne une et nous avons donc tiré, dans notre cadre, de la légitime défense".

"C'était lui ou moi, lui ou nous", écrit "Fiam" pour défendre la thèse policière de la légitime défense, battue en brèche, en vain, par la famille de Jacques Mesrine qui avait saisi la justice à plusieurs reprises. Celle-ci a conforté la police.

La famille de Mesrine conteste la légitime défense

Rencontré par BFMTV, Bruno, fils de Jacques Mesrine, conteste la version d'une riposte immédiate et proportionnée à une menace imminente.

A l'appui de son propos, le fils juge que "la légitime défense est assez impressionnante dans ce cas-là puisque car on n'a quand même quelqu'un qui est attaché par sa ceinture de sécurité, à l'intérieur de la voiture, les mains sur le volant" et avec "face à lui quatre personnes lourdement armées, d'une manière militaire".

"Donc, la légitime défense, il va falloir m'expliquer où elle est": sous-entendu, la riposte ne serait pas proportionnelle à la menace, ou selon cette version, à l'absence de menace exercée alors par celui qui était l'ennemi public numéro un.

Jean-Louis Fiamenghi, indique pour sa part, ne pas regretter son geste. Il a terminé sa carrière comme préfet et, en retraite, est le monsieur Sécurité du groupe Veolia.

D. Namias et AFP avec M. Vecchio, M. Ruad et T. Dupont