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Police-Justice

Le journaliste Laurent Mauduit juge la relaxe de Bernard Tapie "totalement incohérente"

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Ce mardi, le tribunal correctionnel de Paris a prononcé la relaxe pour Bernard Tapie et les autres prévenus dans le dossier de l'arbitrage du Crédit Lyonnais. Une décision judiciaire jugée incompréhensible pour le journaliste de Mediapart et auteur de Tapie, le scandale d'État.

Si son entourage s'est largement réjoui de cette décision, certains n'ont pas accueilli la nouvelle de la relaxe de Bernard Tapie dans l'affaire du Crédit Lyonnais du même oeil. Interrogé sur notre antenne ce mardi, le journaliste d'investigation Laurent Mauduit, auteur de l'ouvrage Tapie, le scandale d'État, a considéré que cette décision était "totalement incohérente".

"Je trouve que ce jugement est l'aboutissement d'un véritable gâchis judiciaire", a dénoncé le journaliste de Mediapart sur notre antenne. "Si on réfléchit aux événements récents, ce gâchis était tout de même un peu prévisible".

L'ancien homme d'affaires et homme politique, qui n'était pas présent au délibéré ce mardi à cause de ses problèmes de santé, était jugé pour escroquerie et détournement de fonds dans le dossier autour de l'arbitrage sur son litige avec le Crédit Lyonnais. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé sa relaxe et celle des autres prévenus ce mardi.

"Un imbroglio judiciaire totalement incompréhensible"

"Il y a eu deux déraillements", explique Laurent Mauduit, qui soutient avoir perçu "le malaise" qui a eu lieu selon lui pendant ce procès. "Au début les juges ont enquêté sur un scandale d'État, une escroquerie en bande organisée avec des complicités jusqu'au sommet de l'État. Puis en cours de route, ils ont arrêté et n'ont pas renvoyé Claude Guéant, à l'époque secrétaire général de l'Élysée, en correctionnelle. Pas plus que Nicolas Sarkozy."

"Le second déraillement, lui, explique la relaxe d'aujourd'hui", poursuit-il, véhément. "Les avocats de l'État ont reçu instruction, pendant le procès, de ne pas requérir contre les trois anciens hauts fonctionnaires. En bref, on a coupé toutes les ramifications qui menaient jusqu'au sommet de l'État", assure le journaliste à Mediapart, pour qui, "ce jugement est totalement incohérent".

"Comment peut-on expliquer qu'il n'y a pas de fraude au plan pénal mais il y a une fraude au plan civil?", s'interroge-t-il. "La Cour d'Appel avait jugé le 17 février 2015 que la sentence avait été frauduleuse. On est donc dans une sorte d'imbroglio judiciaire qui est absolument incompréhensible, donc on peut imaginer que la justice doive reprendre la main, et sans doute y aura-t-il un appel du parquet", estime le journaliste d'investigation.

Jeanne Bulant