La Chapelle-Pajol: débat au sein du quartier sur le harcèlement des femmes

Dans une pétition, des femmes du quartier de la Chapelle-Pajol à Paris ont dénoncé la mise à l'écart de certaines rues dont elles seraient victimes, à cause de la présence de groupes d'hommes. La mairie et la préfecture se disent "déterminées à agir", d'autres associations dénoncent quant à elles "une manipulation".
Elles ont relaté leur quotidien devenu difficile. Depuis la semaine dernière, des femmes du quartier de la Chapelle-Pajol ont exprimé leur ras-le-bol face à leur exclusion de certaines rues occupées par des groupes d'hommes.
Un sentiment d'insécurité qu'elles ont partagé dans une pétition en ligne, déjà signée par plus de 18.000 personnes. Dans le quartier, des groupes d'hommes auraient pris possession de quelques rues. Cette forte présence masculine rassure de moins en moins les femmes.
"Le problème c'est qu'on ne peut plus être une femme qui fait ses courses dans le quartier, qui va boire un café au café du coin avec des amies en jupe. D'ailleurs on n'en porte plus. Moi j'en achète, je ne les sors pas du placard", confie une habitante.
"Une zone de non-droit?"
Ce secteur, à cheval entre le 18e et le 10e arrondissement concentre les difficultés avec la présence de vendeurs à la sauvette, de dealers mais aussi de migrants en attente de prise en charge à proximité du centre d'accueil. Des populations face auxquelles, la réponse doit être différente explique Eric Lejoindre, maire PS du 18e arrondissement.
"Il y a ceux qui vendent illégalement des cigarettes et pour ceux-là il faut évidemment une réponse policière et c'est ce que je souhaite. Et il y a des gens qui sont juste là et pour ceux-là, il faut arriver à trouver les façons de faire en sorte que cette cohabitation puisse exister dans de bonnes conditions", souligne l'élu.
En visite dans le quartier vendredi, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a déploré que le quartier soit devenu une "zone de non-droit". Une vision critiquée par d'autres associations locales notamment celles engagées auprès des migrants. Sous le slogan "féminisme n'est pas racisme", ces militantes et militants ont perturbé le rassemblement auquel participait Valérie Pécresse, regrettant "une manipulation raciste d'associations qui ont tout fait pour expulser les migrants", rapportait Le Parisien ce week-end.
SOS La Chapelle, à l'origine de la pétition a rejeté ces accusations, précisant dans un message Facebook travailler depuis un an avec des élus de tous bord et avoir rencontré des associations d'aides aux réfugiés.
Un plan d'action en préparation
La municipalité et la préfecture ont de leur côté également reconnu que le problème porté par la pétition était bien réel dans le quartier, concentré dans quelques rues.
"Il y a un souci dans le 18e arrondissement, il faut le prendre très au sérieux. Il ne faut absolument pas banaliser ni le sentiment de violence des femmes, ni les violences qu'elles subissent réellement. Nous, on prend ça extrêmement au sérieux", assure Hélène Bidard, chargée de l'égalité Hommes-Femmes à la mairie de Paris.
Un plan d'action contre les discriminations envers les femmes spécifique au quartier de la Chapelle-Pajol est en préparation avec la préfecture a indiqué la maire de Paris Anne Hidalgo. Des associations par ailleurs être reçues ce lundi à la mairie.
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