Comment se déroule la traque des complices de Sid Ahmed Ghlam?

Sid Ahmed Ghlam, suspecté d'avoir préparé un attentat et tué une jeune femme. - BFMTV
Cinq jours après son arrestation, Sid Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans soupçonné du meurtre d'Aurélie Châtelain et d'avoir voulu attaquer au moins une église à Villejuif, se mure dans le silence. Les enquêteurs se concentrent désormais sur la recherche de complices.
Peu de doutes subsistent d'ailleurs sur le fait qu'il n'a pas agi seul. "Ce type d'individu n'agit pas seul", a confirmé Manuel Valls sur France Inter. "Tout indique que cette attaque a été effectuée en liaison avec un individu qui pourrait être en Syrie", "une commande a été passée sans doute pour cibler une église", a expliqué le Premier ministre.
> Quels sont les premiers indices?
Une femme en garde à vue
Une femme de son entourage âgée de 25 ans a été interpellée mercredi à Saint-Dizier, en Haute-Marne, où est installée la famille de Sid Ahmed Ghlam et où il a vécu. Sa garde à vue a été prolongée jeudi.
Des contacts en Syrie
Les premiers éléments de l'enquête indiquent qu'il était en contact avec plusieurs personnes qui seraient en Syrie, selon des sources proches de l'enquête. Notamment un homme qui lui aurait demandé "explicitement de cibler particulièrement une église", a indiqué mercredi le procureur François Molins. Au domicile de Sid Ahmed Ghlam, les enquêteurs ont découvert des documents mentionnant Daesh et Al-Qaïda.
Une voiture qui ne lui appartient pas
Difficile de croire qu'un étudiant de 24 ans ait pu se procurer seul son arsenal de guerre. D'autant que de nombreux matériels sont présents en quatre exemplaires: quatre fusils et quatre gilets pare-balles par exemple. Les enquêteurs s'intéressent à plusieurs personnes qui pourraient l'avoir aidé, notamment celle qui lui aurait laissé un véhicule où se trouvaient des armes à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, a indiqué une source policière. Qui a amené là cette voiture? Selon cette source, un contact à l'étranger, peut-être en Syrie, aurait indiqué à Sid Ahmed Ghlam l'endroit où récupérer ces armes.
Un mystérieux ami Kabyle
La soeur de Sid Ahmed Ghlam affirme avoir eu son frère au téléphone samedi soir, soit la veille de son interpellation. Selon elle, Sid Ahmed Ghlam était dans sa chambre d'étudiant, et un homme, d'origine kabyle, se trouvait avec lui à ce moment là.
> Comment travaillent les enquêteurs?
Ces éléments sont issus de l'exploitation des appels passés et des données de localisation des téléphones de Ghlam, qui montrent qu'il s'est rendu en Seine-Saint-Denis, selon des sources proches de l'enquête. Des traces d'ADN ont également été retrouvées sur certaines des armes, selon la source policière.
Sid Ahmed Ghlam s'est rendu en Turquie début 2015 mais aucun passage en Syrie n'a été identifié.
> Que dit Sid Ahmed Ghlam?
Interpellé dimanche alors qu'il avait appelé les secours pour une blessure par balle à la cuisse et la rotule qu'il avait dit s'être faite tout seul, le suspect, connu des services depuis le printemps 2014 pour s'être radicalisé, est interrogé sur son lit d'hôpital. Il restait mutique jeudi en fin de journée, selon une source proche du dossier.
Sa garde à vue, qui a été prolongée jeudi de 24 heures, peut durer jusqu'à six jours, soit jusqu'à samedi. Ses avocats ont indiqué qu'ils le rencontreraient pour la première fois vendredi.
Inconnu de la justice si ce n'est pour une plainte pour violences classée sans suite, "poli, respectueux de tous" selon l'école SupInfo dans laquelle il a été scolarisé de novembre 2011 à juin 2013, cet étudiant en électronique avait falsifié des documents pour intégrer en septembre 2014 une formation à l'Université Pierre et Marie Curie à Paris, selon l'UPMC.