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Police-Justice

Brétigny: la SNCF demande un complément d'expertise

Le déraillement du train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts, le 12 juillet 2013.

Le déraillement du train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts, le 12 juillet 2013. - Kenzo Tribouillard - AFP

Mise en examen pour homicides et blessures involontaires dans l'affaire du déraillement du train Paris-Limoges, en gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013, la SNCF demande un complément d'expertise. La compagnie ferroviaire met en doute le sérieux de l'expertise métallurgique, rendue en septembre 2014, sur les causes de la catastrophe, qui avait sept morts.

La SNCF met en doute le sérieux de l'expertise métallurgique réalisée à la suite de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, dans le département de l'Essonne. L'entreprise publique demande donc aux juges d'instruction des compléments d'expertise, évoquant deux hypothèses pour expliquer le drame: de mauvaises pièces placées sous scellé ou un déboulonnage volontaire.

Dans cette demande, transmise à la justice le 19 janvier dernier, la SNCF regrette que "se contentant d'expliquer que les têtes de boulons auraient rompu par fatigue, les experts n'ont fourni aucune explication à l'absence incompréhensible des écrous sur les vis. Pourtant, le dévissage accidentel d'un écrou oxydé est techniquement hautement improbable".

Les scellés mis en cause

La compagnie ferroviaire estime qu'"il ne peut y avoir que deux hypothèses: soit les pièces placées sous scellés ne sont pas les bonnes, soit les écrous ont été dévissés par une action volontaire".

Pour autant, "des éléments dont nous disposons aujourd'hui, notre conviction c'est que l'acte volontaire n'est pas plausible", a indiqué un porte-parole de la SNCF. Ce qui signifie que, pour la SNCF, ce ne seraient pas les bons boulons qui ont été mis sous scellés.

La SNCF "conteste fermement" les expertises

Le déraillement du train en gare de Brétigny-sur-Orge avait été provoqué par le retournement d'une éclisse, une sorte d'agrafe métallique de 12 kilos qui maintient deux rails consécutifs.

Sur les quatre boulons qui fixaient cette éclisse au rail, trois étaient absents le 12 juillet 2013, selon les conclusions des experts judiciaires, dans leur rapport publié un an après l'accident. Les experts avaient également sévèrement mis en cause les règles de maintenance. Ce que la SNCF "conteste fermement" dans ce rapport.

"Manque de sérieux"

Dans sa demande d'expertise complémentaire, la SNCF démontre, point par point, en quoi cette expertise métallurgique, commencée en mars 2014 - huit mois après l'accident - et rendue en septembre 2014, manque à son sens de sérieux, et comporte des "erreurs". Elle reproche notamment le délai écoulé entre l'accident et le début de l'analyse, un lieu sali et détérioré pendant l'accident, avec des pièces qui ont alors nécessairement été abîmées, et un aiguillage retiré brutalement.

La SNCF juge également, concernant les boulons, qu'il n'y a eu "aucune analyse scientifique". Selon la SNCF, "contrairement aux allégations des experts, les boulons de l'éclissage en cause, étaient présents sur l'éclisse, peu avant l'accident" et "la rupture n'est pas intervenue à l'issue d'un long processus de fatigue, qui aurait échappé à la vigilance des agents lors des tournées d'inspection".

Les experts doivent "compléter leurs travaux"

Le déraillement du train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts. Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF ont été mis en examen à Evry pour homicides et blessures involontaires. Au total, quelque 4.000 pages d'expertises ont été rendues.

"L'information judiciaire, qui a pour objet de permettre la manifestation de la vérité, (...) doit donc nécessairement se poursuivre par la réalisation d'un certain nombre de travaux d'expertise complémentaires", affirme encore la SNCF dans sa requête à la justice. Elle y souhaite que les experts "complètent leurs travaux en leur demandant d'apporter des réponses à une série de questions qui lui apparaissent à ce jour toujours essentielles à la détermination de l'origine de l'accident".

C. P. avec AFP