Affaire Grégory: le couple Jacob toujours en garde à vue
Lors d'une conférence de presse, le procureur général de la cour d'appel de Dijon a fait le point sur l'enquête entourant l'assassinat de Grégory Villemin, retrouvé dans la Vologne le 16 octobre 1984. Jean-Jacques Bosc a annoncé que les investigations avaient conduit les enquêteurs à penser que plusieurs personnes ont commis le crime.
"A ce stade, les investigations corroborées par l’analyse criminelle de la gendarmerie montrent que plusieurs personnes ont concouru à réalisation du crime", a-t-il expliqué.
Deux personnes de l'entourage de la famille Villemin, Marcel et Jacqueline Joacob, sont toujours en garde à vue, après avoir été interpellées mercredi matin. "Marcel Jacob déclare qu’il n’est pas concerné par l’assassinat de Grégory" a assuré Laure Iogna-Prat, son avocate sur BFMTV. Il est "abasourdi" et "exténué". Les grands-parents de Grégory Villemin, très âgés, ont aussi été entendus librement. D'après nos informations, Ginette Villemin, la belle-soeur de Jean-Marie Villemin, a été relâchée, comme l'a indiqué son avocat.
Plusieurs coupables, mais l'auteur reste inconnu
Le procureur a cependant précisé qu'on ignorait à ce jour qui a commis le crime. "Je ne suis pas venu aujourd'hui vous dire que l'affaire était résolue", "je ne sais pas qui est l'auteur" du crime, a-t-il expliqué.
"Dans les jours précédents le passage à l’acte, des repérages et des surveillances ont été réalisés. Opérés par un homme avec une moustache, quelques fois accompagné d’une femme. L’enquête s’oriente vers la vérification des emplois du temps de tous les protagonistes de l’affaire", a précisé Jean-Jacques Bosc.
Les gardés à vue ont invoqué leur droit au silence, alors que les gardes à vue ont été prolongées ce jeudi matin, et courent jusqu’à vendredi matin.
Des résultats "confondants" pour deux membres de la famille
Le procureur a précisé les soupçons pesant sur plusieurs des personnes ciblées par les interpellations de mercredi. Evoquant de nouvelles expertises en écriture, il a précisé que les résultats étaient "confondants" pour Monique Villemin, la grand-mère de l'enfant, et Jacqueline Jacob, sa grande-tante, actuellement en garde à vue.
"La présidente de la chambre de l’instruction a ordonné une nouvelle expertise de la lettre manuscrite de 1983: les conclusions de cette expertise sont confondantes à l’encontre de Jacqueline Jacob", a expliqué le procureur général.

L'analyse graphique des lettres au coeur de l'enquête
Plusieurs lettres ont été analysées. Trois lettres anonymes ont été envoyées en 1983, un an avant le crime, à la famille Villemin: "trois lettres anonymes, deux en caractère typographique, l’une en écriture cursive. Deux adressées aux grands-parents du petit Grégory, l’une au père de Grégory, Jean-Marie Villemin", a précisé le procureur. C'est la lettre manuscrite de 1983 qui a été étudiée, et comparée en particulier à celle envoyée le jour du meurtre, une lettre revendiquant le meurtre, dont l'auteur est toujours inconnu.
"On peut observer une similitude importante des termes entre la lettre de 1983 et des termes de la lettre de revendication", a fait valoir le procureur, citant notamment l'expression "le chef", qui figurait dans les deux missives.
- La grande-tante et la grand-mère soupçonnées d'avoir écrit des lettres anonymes
Jacqueline Jacob est donc soupçonnée d'avoir écrit les lettres de 1983. Monique Villemin est quant à elle soupçonnée d'avoir écrit au moins l'une des lettres envoyées à l'un des juges en charge de l'enquête, le juge Simon. Ces lettres de menaces ont été envoyées en 1989, alors que le juge s'apprêtait à disculper Christine Villemin, la mère de l'enfant.
"Cette lettre de 1989 met en cause les parents de l’enfant comme étant auteurs du crime. Ce courrier avait pour objet d’influer cour de l’enquête, qui s’orientait vers la thèse de l’innocence de Christine Villemin", a expliqué le procureur.
Une nouvelle expertise en écriture
L'expertise en écriture étudie notamment l'encre et le papier utilisés pour une lettre et repose aujourd'hui sur des techniques différentes de celles qui existaient en 1984. Ce genre d'expertise reste un exercice d'interprétation, comme le précise Dominique Rizet, spécialiste police-justice de BFMTV, ce qui explique que le procureur ait appelé à la prudence lors de la conférence de presse.