Charlie Hebdo: face aux terroristes, "on a perdu une bataille", regrette Philippe Val

Philippe Val, ici en 2008, quand il était encore directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, a estimé ce mercredi qu'une "bataille a été perdue" contre les terroristes. - Stéphane De Sakutin - AFP
Charlie Hebdo a beau "être reparti", avec la sortie ce mercredi d'un nouveau numéro, les journalistes du titre vont-ils pouvoir continuer à travailler comme auparavant? Face à cette question, l'ancien patron de la rédaction, Philippe Val, s'est dit inquiet quant à l'avenir du magazine satirique, désormais "enfermé dans un symbole". L'ancien directeur de France Inter a même estimé, dans une certaine mesure, que les terroristes avaient gagné.
"Je me demande comment un titre qui est devenu tellement symbolique, mondialement symbolique, peut survivre journalistiquement à un enfermement dans un symbole", a-t-il déclaré à Genève dans un entretien avec la télévision publique RTS.
Le poids de des menaces
Evoquant la surveillance policière omniprésente autour de l'équipe de Charlie Hebdo à Paris, Philippe Val s'inquiète de la possibilité réelle de faire survivre la rédaction: "Est-ce qu'on peut travailler librement, faire des reportages, écrire, se balader dans la rue, avoir des rapports humains normaux, se nourrir, quand on est sous une telle menace?"
Questionné pour savoir si, par leur attentat le 7 janvier contre le journal, "les terroristes ont gagné", Philippe Val a exprimé son désarroi: "Je vais essayer de dire quelque chose qui est difficile à dire pour moi, mais je crois que oui. On a perdu une bataille. Si on n'accepte pas qu'on a perdu cette bataille on ne saura pas y remédier".
"Déjà les journaux n'osent plus publier les caricatures (...) quelqu'un qui est dessinateur, il a signé pour être dessinateur, pas pour être martyr, c'est contraire à la philosophie démocratique d'être martyr", a poursuivi Philippe Val.
A l'origine des premières caricatures de Mahomet, en 2006