Photographe à Cannes, c'est "crier plus fort que les autres"

Charlize Theron sur le tapis rouge à Cannes. - Magali Rangin - BFMTV
Dans la salle de presse du Palais des festivals, ils sont assis à même le sol, ou scrutent l’écran de leur ordinateur, le visage fermé, concentrés. Le nœud papillon défait, la veste posée sur un dossier de chaise. Après l’effervescence bruyante de la montée des marches, les photographes traitent leurs images et se dépêchent de les envoyer.
Le plus vite possible pour être les premiers dans les fils d’images d’agences. Les rédactions piocheront alors dans ces photos, pour alimenter articles et diaporamas. Quelques minutes auparavant, ils formaient une masse compacte, de part et d’autre du tapis rouge, tentant de capter un sourire, un regard de Charlize Theron.
"Hurler plus fort que les autres"
Le secret, c’est de "hurler plus fort que les autres", expliquent à peu près tous ceux que l’on interroge. Il s’agit non seulement de couvrir la musique assourdissante qui accompagne les montées de marches, mais aussi les hurlements de la foule, amassée en arrière-plan, le commentateur qui présente les stars au micro. Des "Charlize!" et "Sean" fusent de tous côtés. Ils sont plus de 300 à se partager, au coude à coude, les faveurs de Charlize Theron, Julianne Moore ou Sophie Marceau.
Le tapis rouge, "c’est beaucoup plus speed que les photocall", décrit Marcelo Nlele, vieil habitué du festival et auteur de plusieurs livres photos sur Cannes. Les flashs crépitent. Charlize Theron passe longuement sur le tapis rouge. S’arrête au milieu, se tourne d’un côté, puis de l’autre. "C’est dommage, comme le public est à gauche, elle ne regarde jamais dans notre direction", commente un photographe.
Charlize et Sean
L’actrice prend la pose avec les membres du film Mad Max: Fury Road. Elle les éclipse totalement dans sa lumineuse robe jaune. "Parfois on crie ‘over the shoulder’, par dessus l’épaule, parce que ça fait de jolies photos, quand la star se retourne", explique une photographe italienne aphone. Et parfois, c’est le coup de chance, comme ce soir, quand Charlize Theron refait tout le chemin en sens inverse, pour retrouver Sean Penn, qu’elle croit avoir abandonné en bout de tapis, et qui a gravi les marches au bras de Thierry Frémaux. Résultat, une scène très photogénique.

Et puis entre les stars, des dizaines d'anonymes gravissent également les marches. Leur passage est parfois ponctué de "poussez-vous", quand ils gênent les photographes, ou de "qui c'est celle-là?".
Avant ces quelques secondes assourdissantes et intenses, ces quelques instants où tout se joue, il y a eu l’attente. Beaucoup d’attente. Pour obtenir les indispensables accréditations. Puis se frayer un chemin dans la foule pour accéder au tapis rouge, s'installer à l’emplacement réservé, plus d’une heure avant la montée des marches, préparer son matériel, tout vérifier. Et attendre encore. A chaque montée des marches, c’est le même rituel. Et même s'il y en a trois par jour, elles réservent parfois de jolies surprises, comme la fraîcheur des quatre actrices japonaise de Notre petite soeur, adressant aux photographes un timide signe de la main.
