"Plus qu'avant, la mort fait partie du quotidien": des policiers franciliens expriment leur mal-être
"Quand je vois le collègue d'Avignon, je n'ai pas envie de mourir comme ça, sur un trottoir à se faire flinguer comme un animal, pour rien." Quelques jours après le meurtre d'un policier qui avait surpris une opération de deal à Avignon, Damien et sa femme Caroline, tous deux policiers en Essonne, ont confié leur mal-être au micro de BFM Paris.
Âgé d'une quarantaine d'années, Damien est policier depuis 22 ans. À bout, il confie la violence qui rythme son quotidien. "Aujourd'hui, on ne peut pas avoir un contrôle qui se passe bien, c'est super compliqué. La mort fait partie du quotidien, beaucoup plus qu'avant", soupire celui qui conseille à ses deux filles d'éviter de parler de son métier au lycée.
Épuisé, le quadragénaire doit régulièrement prendre des jours de congés "pour rester en famille et [se] ressourcer un peu". "Avec le temps, j'ai appris à me connaître et je sens quand je vais craquer. Ce week-end, je devais travailler, mais je ne me sentais pas le courage d'aller au boulot, donc j'ai posé deux jours de congé", explique-t-il.
"Je ne peux pas continuer dans ses conditions"
De son côté, Caroline, a décidé d'arrêter d'aller sur le terrain et avoue avoir peur pour son mari. "La moindre intervention qui peut être à risque, on va tout de suite plus cogiter, stresser. Je me dis que c'est mieux de ne pas savoir les interventions pour éviter cette période d'angoisse, d'inquiétude", assure-t-elle.
Après une longue carrière au sein des forces de l'ordre, Damien compte prochainement demander sa mutation hors de la région parisienne et, à terme, renoncer à son métier. "Avant la retraire, j'arrêterai sans pension, je changerai de métier (...) Je ne peux pas continuer dans ses conditions", conclut-il.