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Incendie du site Bolloré Logistics: le rapport préfectoral conclut à "l'absence d'impact sanitaire direct"

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Le rapport préfectoral assure qu'un suivi "durable" des eaux souterraines sera effectué pour surveiller les taux de lithium relevés dans les sols lors des analyses.

Aucun risque pour la santé? Près de six mois après l'incendie qui avait touché un entrepôt Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen, la préfecture de Seine-Maritime a publié ce mardi son rapport sur le sinistre, concluant à l'absence de risque pour la santé des Normands.

"Les résultats aujourd'hui connus sur l'ensemble de ces mesures permettent de conclure à l'absence d'impact sanitaire direct lié à l'incendie du 16 janvier 2023", conclut le rapport.

Du lithium relevé dans les sols

Le 16 janvier dernier, un important incendie s'était déclaré dans un entrepôt du site Bolloré Logistics de Grand-Couronne, dans une partie du bâtiment contenant 12.000 batteries automobiles au lithium. Il s'était ensuite propagé à une autre cellule du groupe Districash, qui contenait environ 70.000 pneus.

Le sinistre avait nécessité l'intervention de près de 140 pompiers, tandis qu'une épaisse fumée avait été observée par les habitants de la métropole de Rouen.

Rapidement, le préfet avait indiqué qu'il n'y avait toutefois "aucun risque pour la population", après des analyses de l'air menées dès le déploiement des pompiers sur le site de l'incendie. Ce mercredi, la préfecture de Seine-Maritime rappelle avoir communiqué à plusieurs reprises des résultats d'analyses "dans un souci de transparence", notamment des relevés effectués mi-février "visant à évaluer les impacts sanitaires et environnementaux".

Les analyses, réalisées pendant plusieurs mois notamment par l'observatoire AmtoNormandie, ont toutefois révélé la présence de lithium dans les sols au niveau des eaux souterraines "au droit de l'entrepôt incendié et aux abords", explique le rapport, précisant qu'une "solution de confinement de ces eaux, afin de stopper tout risque de propagation de la pollution, est à l'étude".

Le processus de traitement des eaux utilisées pour l'extinction de l'incendie, et qui sont actuellement stockées, doit égalementfaire l'objet d'un ajustement, précise le rapport.

Un incendie "loin d'être anodin"

Pour les habitants du secteur, l'incendie du site Bolloré Logistics n'est pas sans rappeler celui de l'entreprise Lubrizol en 2019, où 10.000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée. À tel point que les habitants s'étaient demandés pourquoi les sirènes et alertes ne s'étaient pas déclenchées lors de l'incendie de Grand-Couronne.

"Le site qui a brûlé est un site soumis à autorisation et non pas classé Seveso, contrairement à Lubrizol", avait alors rappelé sur BFM Normandie Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole de Rouen en charge des risques industriels.

Malgré les conclusions du rapport préfectoral sur l'incendie de Grand-Couronne, les habitants du secteur restent méfiants sur un possible impact à long terme sur leur santé.

"On retrouve du lithium un petit peu partout, dans les déchets, dans les eaux souterraines, dans l’air. C’est quand même assez surprenant d’apprendre ça plusieurs mois plus tard", déclare Christophe Holleville, porte-parole de l'association "Union des victimes de Lubrizol". "Quand on voit qu’il y a eu des données de lithium dans l’air, repérées sur les capteurs à Port-Jérôme et à Gonfreville-L'Orcher, c’est fou."

S'il espère que l'incendie de Grand-Couronne n'aura pas d'impact sanitaire, il doute toutefois des conclusions du rapport. "Ce nuage que tout le monde a vu passer au-dessus de sa tête sur la métropole, c'était loin d'être anodin. La question qu'on est en droit de se poser: est-ce qu'il y aura une sanction derrière? Est-ce qu'il y aura une condamnation? Parce que là, clairement, l'impact sur l'environnement est là."

Après l'incendie, le procureur de la République de Rouen a annoncé l'ouverture d'une enquête "afin de déterminer les causes de l'accident et de savoir si l'incendie était volontaire ou non". Un mois et demi après les faits, le conseil municipal avait décidé de déposer plainte contre X, afin "d'obtenir tous les éléments de l'enquête", expliquait alors la maire de la commune.

À ce jour, les causes de l'incendies ne sont toujours pas connues. Le rapport de la préfecture indique toutefois que la "récente levée des scellés judiciaire" va permettre de lancer les travaux de déblaiement des résidus de l'incendie, avec pour objectif de "revenir à l'état antérieur à l'incendie sur la parcelle du site impactée".

Théophile Leboulanger avec Laurène Rocheteau