Les fortes températures actuelles sont-elles réellement liées à un "dôme de chaleur"?

Ce mercredi, le mercure doit dépasser les 30°C dans de nombreuses villes françaises. À l'origine de ces températures élevées, un effet de subsidence qui vient maintenir la chaleur emmagasinée.

Ce mercredi, les températures vont encore être bien au-dessus des normales de saison dans l'Hexagone, avec 34°C observés à Bordeaux et Toulouse, 33°C à Lyon ou encore 31°C à Paris. Pour expliquer cet affolement du mercure, la notion de "dôme de chaleur", un phénomène météorologique, est fréquemment avancée. Mais à quoi renvoie concrètement ce "dôme", et est-il à l'origine des températures qui frappent actuellement la France?

Le précédent canadien

La notion de dôme de chaleur a fortement gagné en visibilité en juin 2021, avec les températures avoisinant les 50°C qui frappaient à l'époque l'ouest du Canada. Ce phénomène, qui a considérablement été amplifié par le réchauffement climatique, se manifeste lorsqu'un anticyclone se met à stagner au-dessus d'un territoire, entraînant avec lui la paralysie d'importantes masses d'air.

Comme le montre le graphique ci-dessous, il se produit alors un effet de subsidence, c'est-à-dire que l'air va progressivement se compresser - comme sous l'effet d'un couvercle - maintenant la chaleur sous le dôme. L'ensoleillement contribue de son côté à augmenter les températures.

Les différents mécanismes à l'œuvre lors d'un dôme de chaleur. © Capture d'écran BFMTV

Actuellement, une perturbation au large de l'Irlande permet à une masse d'air chaud de remonter depuis le Maghreb, apportant des températures très élevées. En parallèle, des conditions cycloniques sont toujours présentes sur l'Europe de l'Ouest, et viennent plaquer l'air chaud au niveau du sol.

Un "épisode de forte chaleur"?

Autant d'éléments qui poussent nombre de spécialistes à employer la notion de "dôme de chaleur" pour évoquer la situation actuelle. Mais pour d'autres, l'étendue du phénomène, qui touche également la péninsule ibérique, ou encore l'Italie, ne permet pas de recourir à cette notion.

"On parle parfois à tort de 'dôme de chaleur'. Je ne me satisfais pas de ce terme, qui implique une circulation fermée isolant un air chaud par rapport à son environnement, et qui serait coincé sous un bouclier anticyclonique. Or, nous n’en sommes pas vraiment là, on est plutôt sur une vague anticyclonique. On ne vient pas isoler des grosses températures chez nous, toute l’Europe du Sud-Ouest et les côtes du Maghreb sont sous le coup de ce coup de chaud", explique à L'Obs Olivier Proust, prévisionniste chez Météo France.

Pour Olivier Proust, il s'agit en réalité d'un "épisode de forte chaleur", qui semble bel et bien parti pour durer. Alors que les températures devraient quelque peu se rafraîchir en Île-de-France notamment à partir de jeudi, cette accalmie ne devrait être que de courte durée. Ce week-end, certains modèles de prévision annoncent une nouvelle remontée d'air chaud. Avec cette fois des températures dépassant de 15 à 20 degrés les normales de saisons, pour atteindre les 35°C.

Christophe Person, Kevin Floury, avec Jules Fresard