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Grève des éboueurs à Marseille: les commerçants "excédés" s'inquiètent d'une "catastrophe économique"

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Alors que la grève des éboueurs s'est étendue à Marseille ces derniers jours, la vice-présidente de l'Union pour les entreprises des Bouches-du Rhône s'est alarmée, sur BFM Marseille, des conséquences économiques du mouvement pour les commerces de la ville.

À Marseille, les poubelles s'accumulent sur les trottoirs et la colère des commerçants monte. Le mouvement de grève des éboueurs s'est étendu ces derniers jours avec l'arrivée du syndicat majoritaire Force Ouvrière dans la contestation. Il s'est encore durci dernièrement avec le blocage des dépôts et des centres de transfert par les grévistes. De leur côté, les commerçants de Marseille s'inquiètent des retombées néfastes de la grève pour leurs boutiques.

Les commerçants "pris en otage"

Sans ramassage des ordures depuis plusieurs jours dans la ville, les poubelles et les détritus s'amoncellent un peu partout sur les trottoirs. Invitée sur BFM Marseille, la vice-présidente de l'Union des commerçants dans les Bouches-du-Rhône Marie Bagnoli, affirme que les commerçants de la ville sont "excédés" par cette situation.

"Ils ne comprennent pas, il y a beaucoup de choses qu'ils ne comprennent plus. (...) C'est très compliqué de se dire qu'une poignée de gens qui a décidé de faire la loi avec une méthode de voyous, prenne en otage des commerçants et des clients", s'insurge Marie Bagnoli sur BFM Marseille.

Après plusieurs jours de grève, environ 200 tonnes de déchets sont actuellement déposées sur la voie publique dans la cité phocéenne. Ces poubelles jonchent les rues et s'entassent devant les bâtiments. Ces déchets accumulés n'incitent pas les habitant à aller faire les magasins. Marie Bagnoli affirme que "certains endroits sont désertés" à cause de la grève et des poubelles dans les rues.

"Des trottoirs qui sont immondes, c'est ça aujourd'hui le centre-ville. À cause de la grève c'est immonde, c'est sale, on est en pleine pandémie en plein hiver, c'est dégoûtant. Avec la pluie qu'il y a c'est une catastrophe, ça va forcément être des trous dans le chiffre d'affaires, s'inquiète-t-elle.

Les éboueurs en grève demandent une meilleure prise en compte de la pénibilité de leur travail ainsi que des augmentations salariales. Une première grève des agents avait eu lieu fin septembre. Un accord, aujourd'hui remis en question, avait été conclu le 1er octobre.

Alors que les premières négociations organisées cette semaine entre les syndicats et la Métropole n'ont pas débouché sur un accord, la vice-présidente de l'Union des commerçants s'inquiète de la prolongation du mouvement à deux semaines de Noël, une période cruciale pour les magasins. Patrice Ayache, secrétaire général adjoint de Force Ouvrière a affirmé ce jeudi sur BFM Marseille, que les éboueurs sont "déterminés" à poursuivre la grève pendant les fêtes de fin d'année si cela est nécessaire.

"Avec la crise sanitaire, on arrivait déjà à un Noël où les commerçants se démenaient pour arriver à des chiffres suffisants", rappelle Marie Bagnoli. Aujourd'hui, elle s'inquiète des conséquences économiques qu'entraîne la grève pour les magasins de la ville.

"Une catastrophe économique"

Celle qui tient une bijouterie à Marseille estime que la prolongation de cette grève entraînerait une "catastrophe économique" pour les commerçants mais pas uniquement. Elle rappelle que si les enseignes n'arrivent pas à faire leurs chiffres prévus, certaines auront du mal à rembourser le prêt garanti par l'Etat accordé en raison de la crise sanitaire.

"Ça ne sera pas une catastrophe économique que pour les commerçants. Parce que les commerçants, ils ont des salariés et que quand les magasins fermeront parce qu'ils n'ont pas résisté au Covid et que derrière, ils se sont pris une grève des poubelles et que les gens ne sont pas venus consommer, ça sera une catastrophe économique pour tout le monde", avertit la vice-présidente de l'Union pour les entreprises des Bouches-du Rhône.

Désormais elle appelle les syndicats et la Métropole à se réunir et à avoir "des discussions saines" afin de trouver des solutions pérennes à la situation. Après une première table ronde entre les représentants des éboueurs et la Métropole ce mardi, une nouvelle réunion est prévue mardi prochain.

En attendant, la Métropole a mis en place une trentaine de bennes temporaires dans la ville, une décision jugée utile par Marie Bagnoli. La collectivité demande désormais un service minimum aux éboueurs pendant les négociations. La Métropole a aussi durci le ton, menaçant les agents de réquisitions et d'intervention des forces de l'ordre.

Gauthier Hartmann