Rhône: Darmanin annonce la création de deux "quartiers témoins" pour lutter contre les trafics de drogue

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, est en déplacement à Lyon ce jeudi, afin d'officialiser des mesures pour lutter contre les trafics de drogue. Le ministre se rendra notamment à l'hôtel de police du 8e arrondissement de Lyon en fin d'après-midi.
Principale annonce à prévoir, la création de deux "quartiers témoins" à Villeurbanne ainsi qu'à Rillieux-la-Pape. Dans un entretien au Progrès, le ministre de l'Intérieur a détaillé les contours de ces dispositifs qui vont se traduire par des augmentations d'effectifs de police dans les commissariats concernés ainsi que par "une présence très forte" des CRS mais aussi de la police judiciaire et scientifique. Il souhaite également intensifier l'intervention de l'administration fiscale dans ces zones. Ce dispositif doit aussi mettre à contribution les bailleurs.
Mise en place "dès la fin du mois"
Avec cette présence accrue des forces de l'ordre, Gérald Darmanin espère bien combattre encore davantage les trafics de drogue dans ces deux villes alors que 254 points de deal étaient dénombrés en début d'année dans le Rhône, selon le ministre.
"Le mieux, c’est de les cibler sur des quartiers spécifiques, pour concentrer les moyens, et reconquérir barre d’immeuble par barre d’immeuble pour permettre l’expulsion des personnes en lien avec la drogue," explique Gérald Darmanin au Progrès.
Ce dispositif sera mis en place après des discussions entre la préfecture et les maires qui pourraient aller vite. Gérald Darmanin souhaite en effet que ces deux quartiers témoins puissent être créés "dès la fin du mois".
Les villes de Villeurbanne et Rillieux-la-Pape, qui vont bénéficier des ces "quartiers témoins", sont fréquemment touchées par l'insécurité. Le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael avait écrit en janvier dernier au ministre de l'Intérieur pour que le quartier du Tonkin dans sa ville, soit classé 'quartier de reconquête républicaine', après des épisodes de violences notamment liés au trafic de drogue.
À Rillleux-la-Pape, des violences urbaines en mars 2021 avaient nécessité l'envoi de forces mobiles de policiers et de gendarmes par le ministère de l'Intérieur "pour faire respecter l'ordre républicain".
"Faire beaucoup mieux" à Lyon
Il y a un an, en octobre 2020, le ministre de l'Intérieur avait assuré l'arrivée en renfort de 300 policiers dans la métropole de Lyon d'ici à fin 2023. Selon le ministre de l'Intérieur, 79 d'entre eux sont déjà présents dans la métropole. Il promet que des jeunes policiers sortis d'école arriveront encore "par dizaines à Lyon" d'ici à la fin de l'année.
Mais pour le ministre, ces effectifs en plus doivent s'accompagner d'efforts de la part des communes. Gérald Darmanin cible notamment Lyon. "Nous pourrions faire beaucoup mieux sur le nombre de caméras de vidéoprotection à Lyon", souligne-t-il tout en lançant un appel au maire écologiste de Lyon, "dont c'est la compétence" d'installer davantage de caméras.
En début d'année 2020, le maire Grégory Doucet, s'était exprimé sur ce sujet, affirmant vouloir avoir d'abord une évaluation de ce dispositif.
"Le déploiement de la vidéo surveillance est une mesure que nous évaluons afin d'assurer son efficacité'", avait-il expliqué sur son compte Twitter
Pas de rencontre avec les collectifs de riverains
Les collectifs "Lyon en colère" rassemblant des riverains exaspérés par l'insécurité et les nuisances, avaient adressé un courrier à Gérald Darmanin pour obtenir eux aussi, un rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur. Dans leur lettre cosignée par le président (LR) de la région Laurent Wauquiez, ils affirment avoir dépassé "le stade du sentiment d'insécurité”.
"M. le ministre de l'Intérieur, nous sommes aujourd'hui confrontés à une situation inédite par son ampleur. La lassitude a fait place à la colère", écrivent-ils.
Leur demande de rencontre avec le ministre a été refusée. À la place, le ministre a demandé au préfet de les recevoir ce jeudi matin.