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Métropole de Lyon: sursis requis contre les huit militants écologistes interpellés sur le site d'Arkema

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Les activistes avaient été interpellés en mars dernier lors d'une action pour dénoncer l'émission de polluants éternels par l'usine d'Oullins-Pierre-Bénite. Ils sont accusés d'avoir commis des dégradations lors de cette action.

Trois à six mois de prison avec sursis ont été requis contre des militants écologistes qui s'étaient introduits sur un site du groupe chimique Arkema près de Lyon, lors d'un procès qu'ils ont utilisé pour dénoncer les polluants éternels, rapporte l'AFP.

"Cette action ne devait rien au hasard", a estimé le procureur Éric Jallet lors de leur procès devant le tribunal correctionnel de Lyon, rappelant que de la documentation, des revendications et des outils comme des coupe-boulons ou du matériel d'escalade ont été trouvés en possession des participants.

"Il n'y a pas désobéissance civile avec des violences, c'est impossible", a estimé le procureur.

Les militants nient les dégradations

Âgés de 23 à 43 ans, ces activistes d'Extinction Rebellion ont participé début mars avec plusieurs centaines de personnes à une intrusion sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), où elles ont laissé des graffitis et déployé des banderoles dont une avec le mot "poison" surmonté d'une tête de mort.

Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022 sur les PFAS, dits "polluants éternels", les autorités régionales ont enjoint à Arkema de ne plus en utiliser à la fin 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ses rejets.

"J'ai participé à une action non-violente qui cherchait à dénoncer les pollutions", a justifié l'un des accusés, titulaire d'un master en physique fondamentale.

Affichant tous un haut niveau d'études, les militants, venus de différentes villes de France et de la région de Lyon, ont unanimement nié les dégradations des locaux et défendu la version non-violente de leur action.

Durant plus de six heures d'audience, le procès a tourné à l'accusation contre Arkema de la part des témoins, dont une toxicologue de l'ONG Génération future, venue à la barre avec des études scientifiques sur les PFAS. Deux riverains sont aussi venus décrire "la situation anxiogène" qu'ils vivent depuis la découverte du niveau de pollution autour du site.

"Aujourd'hui, ce n'est pas le procès d'Arkema", a répliqué Bénédicte Graulle, avocate constituée partie civile pour Arkema France. "Ces actions étaient préméditées. Il s'agit d'actes de vandalisme", a insisté l'avocate, en soulignant "les risques de s'introduire sur un site Seveso". Des barrières et des vitres ont été dégradées, des tags ont été tracés sur les murs durant l'opération.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, au nom de la liberté d'expression et de "l'état de nécessité". Le jugement a été mis en délibéré au 5 juillet.

L.R. avec AFP