Lyon: un homme devant la justice pour avoir percuté une nonagénaire avec sa trottinette électrique

Le prévenu avait grillé un feu rouge juste avant l'accident, survenu à deux pas de la place Bellecour en 2021. La famille de la victime, désormais tétraplégique, alertent sur les dangers causés par le non-respect du code la route.

Voilà presque un an que la vie de Georgette et de sa famille a basculé. La Lyonnaise, 96 ans, traversait un passage piéton au carrefour de la rue de la Barre, près de la place Bellecour, lorsqu'elle a été percutée par une trottinette électrique. Autonome jusqu'à ce 23 juin 2021, la nonagénaire est depuis tétraplégique.

L'homme accusé de l'avoir violemment heurtée sera présenté ce jeudi à un juge "dans le cadre d'une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité pour blessures involontaires ayant entraîné une Incapacité totale de Travail (ITT) de plus de 3 mois", précise Lyon Mag. Si le prévenu avait grillé un feu peu avant l'accident, cette circonstance aggravante n'a pas été retenue.

Cécile Bouchet, l'une des filles de la victime, avait raconté la scène de l'accident au micro de BFM Lyon une semaine après les faits: "Elle a traversé, au feu vert, sur un passage piéton. La trottinette est arrivée, l'a fauchée. Elle a été projetée et s'est tapée la tête contre le muret".

"Souffrances physiques et psychiques"

En ce jour de mai, Cécile Bouchet est de retour sur les lieux du drame qui frappé sa mère. Elle contemple le passage piéton puis décrit une vie chamboulée:

"Malheureusement, on vit au quotidien l'impact de cet accident, les souffrances de ma maman, (...) son état de dégradation totale, (...) ses souffrances physiques, psychiques", évacue-t-elle à notre micro.

Avec ses sœurs, elle rend régulièrement visite à Georgette. "On est présentes, on l'accompagne dans cette épreuve", relate-t-elle. Comment décrirait-elle leur état d'esprit? Elle hésite quelques secondes puis répond: "une grande peine".

Déclencher "une prise de conscience"

Sur la place Bellecour, Cécile Bouchet et son avocate, débattent des enjeux et des attentes qui entourent le procès qui s'ouvre.

"L'idée, c'est que ce dramatique accident serve un petit peu d'exemple et puisse permettre une vraie prise de conscience de ce conducteur de trottinette, mais aussi de tous les conducteurs de trottinette", condense Me Marlène Druilhe sur BFM Lyon.

L'avocate, vêtue d'un chemisier à fleurs, insiste: "Une trottinette électrique, ce n'est pas un jeu. On a une vraie responsabilité quand on la conduit. On est soumis à des normes. On est soumis au code de la route et ça, beaucoup de personnes l'ignorent". Et met en exergue le danger relatif à une conduite non-respectueuse des règles, aussi bien pour les piétons que pour les usagers eux-mêmes.

2000 accidents par an à Lyon

Le suspect, un chef d'entreprise de 51 ans, encourt une peine pouvant aller jusqu'à deux ans de prison et 30.000 d'amende. Pourront s'y ajouter plusieurs milliers d'euros d'indemnisation pour la victime.

Mais pour la famille Bouchet, le procès est l'un des combats d'une plus grande bataille. Les filles de Georgette, rapporte Lyon Mag, ont adressé une lettre à Grégory Doucet, le maire de Lyon, ainsi qu'à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports.

Leur objectif: réfléchir à une nouvelle pratique de la trottinette en ville et sécuriser les lieux identifiés comme particulièrement accidentogènes, dont fait partie le carrefour de la rue de la Barre. Leurs demandes sont pour l'heure restées sans réponse.

Avec 2000 accidents de trottinettes par an à Lyon -un chiffre publié par le Journal du Dimanche début février- la famille Bouchet peut espérer que les autorités engagent une réflexion.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions