Lyon: le témoignage de Mehdi après avoir empêché un homme de se jeter dans le Rhône le soir du Nouvel An

"On a réussi à éviter ce drame." Le soir du Nouvel An, Mehdi Benmaissa est venu en aide à un homme qui tentait de mettre fin à ses jours en se jetant dans le Rhône. Avec un ami, Mehdi est parvenu à l'empêcher de sauter, avant de prévenir les secours.
Un acte auquel il "n'arrête pas de penser" encore dix jours plus tard, et qu'il raconte au micro de BFM Lyon.
"Il a mis ses mains, sa première jambe"
Il est près de 19h le soir du 31 décembre lorsque Mehdi sort du travail et prévoit de faire quelques courses pour le réveillon avec sa famille. Mais alors qu'il se trouve sur le pont de l'Université avec un ami, il aperçoit un homme arriver au loin et s'arrêter devant la rambarde.
"Je pensais qu'il était juste en train d'admirer le Rhône", se rappelle Mehdi. "Il s'est arrêté un petit moment. Il a mis ses mains, sa première jambe. En essayant de mettre sa deuxième jambe de l'autre côté, c'est là que je me suis rendu compte que le monsieur voulait se suicider."
Mehdi se souvient avoir crié et couru pour retenir l'homme. Avec son ami, ils parviennent à le rattraper et à le hisser du bon côté de la rambarde. "Il disait qu'il voulait se jeter dans le Rhône, que son Nouvel An était fichu, qu'il en avait marre de la vie."
Après avoir contacté les secours, Mehdi reste avec l'homme jusqu'à l'arrivée de la police et des pompiers. C'est seulement une fois l'homme pris en charge par les secours que Mehdi commence à réaliser ce qu'il s'est produit.
"J'avais tellement d'émotions que je ne sentais plus mes pieds, je n'arrivais plus à marcher, j'ai transpiré comme pas possible."
Encore sous le choc
Dix jours plus tard, Mehdi a encore du mal à se remettre de cette soirée, très forte en émotions. Ce père d'un bébé de deux mois, qui ne dormait déjà pas beaucoup, peine à trouver le sommeil. "Je n'arrête pas de faire des cauchemars."
Si son entourage salue son acte de bravoure et lui répète qu'il peut être fier de son geste, Mehdi vit ce moment comme "un choc".
"En rentrant chez moi, je pensais que j'allais pouvoir éviter de parler de ce sujet, mais une fois arrivé chez moi, l'émotion était toujours là. J'ai pleuré, j'étais triste. (...) Je pense que ça devient un traumatisme."
Parler de ces événements l'aide à se sentir mieux. Aujourd'hui, il aimerait avoir bientôt des nouvelles de l'homme qu'il a secouru, et espère que ce dernier a pu obtenir l'aide dont il avait besoin. "J'espère que les gens continuent de faire ce genre de geste pour sauver l'autre."
Une centaine d'interventions des secours chaque année
Avec le recul, Mehdi se demande encore d'où lui est venue "la force pour pouvoir aider ce monsieur", le hisser par-dessus la rambarde pour le mettre en sécurité. Il dit même avoir été prêt, sur l'instant, à sauter dans le Rhône s'il avait fallu.
"Si vous sautez, je saute avec vous", se souvient-il avoir dit à l'homme secouru. Il n'aura heureusement pas été nécessaire d'aller jusque-là, d'autant plus que sauter dans le Rhône pour secourir une personne tombée à l'eau peut s'avérer très dangereux, ont par la suite expliqué les pompiers à Mehdi.
Chaque année, les sapeurs-pompiers de la métropole de Lyon viennent au secours d'une centaine de personnes tombées à l'eau, que ce soit dans le Rhône, la Saône ou d'autres plans d'eau de la métropole, comme le lac de Miribel-Jonage. Les secours recensent également une dizaine de morts par noyade chaque année dans les eaux du Rhône.
Mais sauter à l'eau pour leur porter secours peut s'avérer être une mauvaise idée si l'on n'est pas certain de ses capacités, explique le lieutenant-colonel Pascal Pache, responsable des spécialités nautiques du SDMIS.
"Les conditions actuelles sont dangereuses par le courant, par le débit et par la température de l’eau. Aller porter secours sans protection particulière est quelque chose qui peut être dangereux."
Si vous êtes témoin d'une personne tombée à l'eau, il vaut mieux composer le 18 ou le 112, bien indiquer la localisation, et si possible rester sur place jusqu'à l'arrivée des secours, afin de leur donner une idée précise de la situation.
3114, le numéro de prévention du suicide
Ce numéro a été déployé au niveau national en octobre 2021. Il est gratuit et joignable 24h/24 et 7 jours sur 7.
À Lyon, le centre d'appel de prévention du suicide est installé depuis 2021 au sein du centre hospitalier du Vinatier. Les infirmiers et psychologues du centre répondent aux appels, écoutent et orientent les personnes qui les contactent en fonction de leurs besoins.