Baisse de subventions aux acteurs culturels: l'opposition dénonce une coupe de 4 millions d'euros

C'était annoncé, c'est désormais voté. L'opposition au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a dénoncé ce mercredi la suppression de quatre millions d'euros de subventions à 140 acteurs culturels, après le vote de la Commision permanente régionale.
D'après une estimation de l'opposition écologiste à la région, ce sont au moins 3,9 millions d'euros qui ont été "réorientés" en 2022, un chiffre qui n'a pu être confirmé auprès de la région.
Dans un communiqué, la région présidée par le LR Laurent Wauquiez a indiqué "assumer" ces arbitrages, selon elle notamment dirigés vers "des territoires les plus éloignés de l'offre culturelle", alors que "60% du budget régional culturel était orienté vers les métropoles régionales et les grandes institutions".
Jusqu'à 100% de baisse
Sophie Rotkopf, vice-présidente du Conseil régional en charge de la culture, précise à l'AFP que "certaines réorientations sont temporaires, alors que d'autres sont plus pérennes comme pour l'Opéra de Lyon", qui perd par exemple 500.000 euros, soit 18% de ses dotations. "Il est logique que les métropoles et les grandes institutions aient plus de subventions mais pas dans ces proportions", assure-t-elle, faisant valoir par ailleurs que "le budget dédié à la culture n'a pas bougé", à 61,9 millions d'euros.
À Lyon, les baisses les plus importantes touchent la Biennale d'art contemporain, qui doit s'ouvrir en septembre (-253.000 euros, soit -34%), la Villa Gillet, qui gère des programmes littéraires (-350.000 euros, soit -100%), la Maison de la Danse (-180.000 euros, soit -47%). Les Nuits Sonores perdent quant à elles 15.000 euros, soit une baisse de 20%, et le théâtre de la Croix-Rousse est imputé de 24.000 euros, soit 7%.
Comme le précise Sophie Rotkopf, interrogée par BFM Lyon, les Subsistances enregistrent une perte de "34%".
Seule concession: la Région est revenue sur sa décision de supprimer la totalité de sa subvention (35.000 euros) au musée Tony Garnier. Ce musée dédié à l'architecture et à l'habitat social avait annoncé sa fermeture très prochaine, après avoir reçu un courrier officiel l'informant de cette coupe.
"Il faut mettre des limites à M. Wauquiez"
Avant ce vote, une soixantaine d'acteurs culturels avaient exprimé dans une lettre ouverte leur "vive inquiétude" face à des choix budgétaires adoptés "sans préparation ni dialogue", en pointant une "méthode inacceptable".
Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a de son côté protesté contre ces coupes "brutales" représentant selon lui près de 2 millions d'euros pour sa seule ville, en critiquant un "exécutif qui se comporte comme l'extrême droite" vis à vis des artistes.
Invitée de BFM Lyon ce mercredi soir, Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la mairie, chargée de la culture, a dénoncé "une brutalité sur le moment et sur les montants. Quand on passe à 350.000 à 0 euros et que ça représente un tiers du budget du fonctionnement d'une structure, c'est extrêmement brutal".
"Les structures vont devoir s'adapter, revoir leurs propositions, peut-être leur programmation", a-t-elle regretté. L'adjointe au maire a d'ores et déjà saisi le préfet pour examiner la légalité de ces baisses de subventions.
"Il faut mettre des limites à M. Wauquiez. La loi est un garde-fou et je pense que M. Wauquiez en a bien besoin aujourd'hui", a-t-elle estimé, regrettant que "la Région est aux abonnés absents quand on sollicite le dialogue".