Syrie: Genève II, dialogue de sourds sur la transition

Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations unies (à droite) et Lakhdar Brahimi, le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, lors de la conférence de presse de clôture, à Montreux, en Suisse, le 22 janvier.le - -
Pour la première fois, des représentants du régime syrien et de l'opposition, ainsi que certains de leurs alliés respectifs, se sont réunis mercredi autour de la même table pour tenter de trouver une solution politique au conflit qui ravage la Syrie depuis près de trois ans.
Prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes dès vendredi à Genève, cette journée s'est déroulée dans un climat très tendu entre les parties. La quarantaine de représentants de pays et d'organisations n'ont pas attendu longtemps avant de constater que le fossé restait gigantesque entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne en exil.
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> Un climat ultra-tendu
Alors que la communauté internationale a multiplié les appels à la négociation, sans surprise, le climat s'est rapidement révélé ultra-tendu. Quelques heures après l'ouverture de la conférence de paix, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a traité les représentants de l'opposition syrienne, assis en face de lui, de "terroristes" et d'"agents à la solde des ennemis" de la Syrie qui "prétendent représenter le peuple syrien".
Washington a fustigé la "rhétorique incendiaire" de Mouallem, et Laurent Fabius a dénoncé de son côté ses "élucubrations longues et agressives".
> Accord impossible sur le sort de Bachar al-Assad
La question du sort de Bachar al-Assad, au centre de tous les débats depuis le début du mouvement de contestation en mars 2011, a plané sur cette journée.
En réponse au secrétaire d'État américain John Kerry, qui venait de rappeler que le président syrien ne ferait pas partie d'un gouvernement de transition, Walid Mouallem a répondu, piqué au vif: "Monsieur Kerry, personne au monde n'a le droit de conférer ou de retirer la légitimité à un président [...], sauf les Syriens eux-mêmes." De son côté, en pleine journée, le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a fait irruption dans la salle de presse pour lancer aux journalistes que le président syrien "ne partira pas", appelant le monde à aider le gouvernement syrien "à combattre le terrorisme".
> Ban Ki-moon a réitéré ses appels aux "négociations"
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé à tous tant bien que mal l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers. "Notre but était d'envoyer un message aux deux délégations syriennes et au peuple syrien pour dire que le monde veut une fin immédiate du conflit. Trop, c'est trop, il est temps de négocier", a-t-il martelé.