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Reconnaissance de l'État de Palestine par la France: l'ambassadeur d'Israël en France fustige une "erreur historique"

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L'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, a dénoncé sur BFMTV une "erreur historique" après l'annonce, par Emmanuel Macron, de la prochaine reconnaissance par la France de l'État de Palestine.

L'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, dénonce une "erreur historique" après l'annonce, par Emmanuel Macron, de la prochaine reconnaissance par la France de l'État de Palestine.

"C'est une erreur historique à tous les niveaux", a-t-il affirmé sur BFMTV ce vendredi 25 juillet. L'ambassadeur y voit "un message qui dit au Hamas, continuez à faire ce que vous faites, ne faites pas de paix" et "continuez cette guerre terrible".

"C'est un raisonnement que je ne comprends pas", a-t-il fustigé.

Israël a lancé en 2023 une offensive à Gaza en représailles à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre qui a entraîné la mort de 1.219 personnes, majoritairement des civils. Les représailles israéliennes ont fait 59.587 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

"La grande majorité des Israéliens disent qu'on doit vivre en paix avec les Palestiniens. Quelles sont les conditions qui nous permettront de vivre en paix avec les Palestiniens? Ce sera à nous et aux Palestiniens d'en décider directement, en négociations. Ce ne sera pas à la France, ni à monsieur Macron, d'en décider", a déclaré Joshua Zarka ce vendredi. "Au lieu d'aider la paix, il l'a repoussée", a-t-il ajouté.

Reconnaissance en septembre

Emmanuel Macron a annoncé jeudi que la France va reconnaître l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York. La décision française "récompense la terreur", a fustigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en référence à l'attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023. "Soyons clairs: les Palestiniens ne cherchent pas à obtenir un Etat aux côtés d'Israël, ils cherchent un Etat à la place d'Israël", a-t-il martelé.

"Le Hamas a toujours refusé la solution à deux États. En reconnaissant la Palestine, la France donne tort à ce mouvement terroriste. Elle donne raison au camp de la paix contre celui de la guerre", a de son côté affirmé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur X.

"Après le 7-Octobre, quand il y a encore des otages dans les sous-terrains du Hamas, quand le Hamas vient de rejeter, encore une fois, la proposition de cessez-le-feu, que la France décide de prendre cette décision, c'est très grave", a affirmé Josua Zarka vendredi.

Le vice-président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, a, lui, salué cette décision en faveur de "l'établissement de notre État indépendant". C'est un "pas positif", a renchéri le Hamas, en appelant d'autres pays à suivre cet exemple. L'Arabie saoudite s'est aussi félicitée d'une décision "historique" et a appelé les autres pays à prendre "des mesures positives similaires".

Les pays européens divisés

La France "mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part", a promis Emmanuel Macron dans une lettre adressée au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Le 19 mai, le Royaume-Uni, le Canada et la France avaient ouvert la voie à une éventuelle reconnaissance dans une déclaration commune. Mais depuis, aucun des dirigeants de ces trois pays n'avait franchi le pas. Le 10 juillet, en visite au Royaume-Uni, Emmanuel Macron avait appelé à une reconnaissance commune de l'État de Palestine par la France et le Royaume-Uni, sans succès pour l'heure.

En mai 2024, l'Irlande, l'Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà franchi le pas en Europe. "Ensemble, nous devons protéger ce que (Benjamin) Netanyahu essaie de détruire. La solution à deux Etats est la seule solution", a réagi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sur X. Mais les Européens restent divisés sur cette question, l'Allemagne estimant qu'une reconnaissance aujourd'hui serait "un mauvais signal".

Pression sur Israël

Dans une lettre en date du 9 juin adressée au président français, Mahmoud Abbas s'est engagé à une démilitarisation du mouvement islamiste du Hamas, à l'origine des attaques du 7 octobre 2023 en Israël, dans le cadre d'un futur Etat palestinien. Il s'est aussi dit prêt à organiser des élections législatives et présidentielle en 2026 afin de "renforcer la légitimité" de l'Autorité palestinienne et son "autorité sur le futur Etat palestinien", y compris Gaza, rappelle Emmanuel Macron dans sa lettre.

Autant de gages en faveur de la solution à deux Etats, estime le président français, en espérant convaincre les Israéliens qu'elle est aussi dans leur intérêt. "Ce ne sont pas des lettres qu'il nous faut, c'est des faits" qui montrent que la population est "éduquée pour la paix", a réagi l'ambassadeur d'Israël en France ce vendredi sur BFMTV.

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L'annonce d'Emmanuel Macron intervient alors que l'émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l'échec des pourparlers menés à Doha en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin aux souffrances des plus de 2 millions d'habitants du territoire palestinien, soumis à un blocus qui les prive d'une aide humanitaire vitale. Dans ce contexte, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé un "entretien d'urgence" vendredi avec ses homologues français et allemand pour voir comment "arrêter les massacres et fournir à la population la nourriture dont elle a désespérément besoin".

En France, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a déploré une "décision précipitée", qui accordera au Hamas "une légitimité institutionnelle et internationale inespérée". Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est à l'inverse félicité d'une "victoire morale", tout en déplorant qu'elle ne soit pas immédiate.

Sophie Cazaux avec AFP