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Gaza: peut-on dire que la branche militaire du Hamas est "vaincue", comme l'affirme l'armée israélienne?

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Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a affirmé dimanche 6 octobre la victoire face à la branche armée du Hamas. Une affirmation corroborée par des experts, qui voient dans ce message l'ouverture d'une nouvelle phase.

À la veille des commémorations du 7-Octobre, le chef de l'armée israélienne Herzi Halevi s'est exprimé dans un communiqué. Il y a assuré avoir "vaincu la branche militaire du Hamas" au terme d'une année de guerre dans la bande de Gaza. Ce lundi 7 octobre, Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne, a également affirmé sur BFMTV que le Hamas "a été vaincu dans sa branche militaire". S'agit-il d'une opération de communication ou une prise de parole cruciale dans cette guerre?

Cette affirmation est corroborée par des spécialistes sollicités par BFMTV.com. "Sur le plan militaire, l'essentiel de l'appareil militaire du Hamas a été démantelé. On parle d'armes, d'hommes et de structure de commandement. Certes Israël n'est pas à l'abri d'attaques terroristes, mais des attaques d'ampleur sont aujourd'hui totalement exclues de la part du Hamas", explique le général Jérôme Pellistrandi ce lundi 7 octobre.

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Un pouvoir de "nuisance" plus limité

Si la quasi-totalité des capacités militaires ont été détruites - 23 des 24 bataillons du Hamas selon les déclarations de Benjamin Netanyahu à l'ONU - le Hamas peut toujours agir marginalement. Un pouvoir de guérilla, ou de "très faible de nuisance" comme l'analyse Frédérique Schillo, historienne spécialiste d'Israël, auteure de La guerre du Kippour n'aura pas lieu (Éditions Archipoche).

Des actions plus éparses en comparaison de l'échelle du 7-Octobre, qui a coûté la vie a près de 1.200 personnes dont 815 civils. La capitale Tel-Aviv a par exemple été visée par un tir de roquette en provenance de Gaza en cette date anniversaire, sans faire de dégâts.

Ayant juré ce lundi vouloir mener contre Israël une "bataille d'usure longue, douloureuse et coûteuse pour l'ennemi" par la voix du porte-parole de la branche-armée, Abou Obeida, le Hamas peut également avoir recours au terrorisme, comme lors de l'attentat qui a fait sept morts civils israéliens, revendiqué le 2 octobre par le Hamas.

Il est toutefois difficile de dire avec certitude ce qu'il reste des forces du Hamas à date. En août, Israël affirmait avoir tué 17.000 terroristes et mis à jour de nombreux tunnels et cache d'armes. Un bilan certainement plus élevé depuis. Le nombre total de terroristes de l'organisation reste toutefois plus flou. Selon le spécialiste du Moyen-Orient Georges Malbrunot, avant le 7-Octobre, 30.000 combattants du Hamas étaient recensés.

"Ce n'est pas une parole en l'air"

En affirmant que le Hamas était vaincu, Herzi Halevi confirme une déclaration préalable de l'armée à ce sujet du 27 septembre. Des mots soupesés avec responsabilité selon le général Pellistrandi.

"Si le chef de l'armée l'écrit, c'est qu'il a des fondements solides. Ce n'est pas une parole en l'air, il s'engage auprès de l'opinion publique israélienne qui a été traumatisée par le 7-Octobre", estime le consultant défense de BFMTV.

De son côté, Frédérique Schillo voit un message discret du pouvoir militaire vers le pouvoir politique. "Ce qui est intéressant ce sont les termes du communiqué. Il dit que la branche militaire a été défaite, une distinction (entre politique et militaire, NDLR) que ne font pas vraiment les Israéliens", explique-t-elle.

Un choix de vocabulaire qui montre "des signes de tensions entre l'appareil militaire et le gouvernement".

Ainsi, l'armée israélienne laisse entendre que sa mission a été menée à bout. Si Benjamin Netanyahu réclamait dès le 7 octobre 2023 une éradication totale du Hamas, celui-ci avait été subtilement désavoué par Daniel Hagari, un porte-parole de l'armée.

En juin dernier, le porte-parole soulignait qu'une promesse de faire "disparaître le Hamas" était de la "poudre aux yeux". "C'était une crise ouverte avec Netanyahu, il a tout de suite exigé qu'il revienne sur sa déclaration", rappelle l'historienne, ajoutant:

"On peut dire que Tsahal a fait son travail. On considère que la guerre est terminée sur le terrain, l'armée réclame une stratégie politique, parce que l'heure d'un cessez-le-feu est venue. L'opinion publique est exténuée et souhaite le retour des otages, plus que jamais. Et aujourd'hui, Netanyahu n'a pas de stratégie politique".

Une étude publiée ce lundi par l'Israel democracy Institute explique que la "majorité" de l'opinion publique (53%) juge qu'il est venu "le moment de mettre fin à la guerre à Gaza".

Tom Kerkour