Les Israéliens aux urnes pour décider du sort de Netanyahu

Cinq mois après l'échec d'un scrutin en avril, Israël vit de nouveau des élections législatives dans l'espoir de former un gouvernement de coalition. Un objectif qui devra surpasser la lutte politique acharnée entre Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 10 ans, et son opposant Benny Glantz.
Bibi ou Benny? Les Israéliens votent ce mardi lors de législatives opposant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis une décennie, à l'ancien chef de l'armée Benny Gantz, cinq mois après un premier duel sans issue.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures et doivent fermer à 22 heures, heure locale, pour ce match retour qui s'annonce âprement disputé selon les derniers sondages des chaînes israéliennes.
Après avoir voté avec son épouse dans la ville de Rosh Haayin, Benny Gantz a déclaré appeler "tous les citoyens d'Israël à aller voter en leur âme et conscience. J'invite à voter Kahol Lavan (son parti "Bleu-blanc") mais je respecte toute décision. On veut un nouvel espoir, on vote aujourd'hui pour un changement, nous arriverons à apporter un espoir, nous arriverons à apporter un changement, sans corruption et sans extrémisme, tous ensemble".
Quelque 6,4 millions d'électeurs sont conviés dans les 10.700 bureaux de vote. Tôt ce matin dans un bureau de vote de Jérusalem, l'ambiance était calme, avec une poignée seulement d'électeurs venant voter, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Nouveau duel après l'échec du scrutin d'avril
En avril dernier, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et la formation centriste Kahol Lavan, Bleu-blanc, de Benny Gantz avaient chacun obtenu 35 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement.
Le président israélien Reuven Rivlin avait mandaté Benjamin Netanyahu pour former un gouvernement de coalition. Mais incapable d'y parvenir, le Premier ministre avait dissous le Parlement et provoqué un nouveau scrutin.
Au cours des cinq derniers mois, les plaques tectoniques de la politique israélienne n'ont pas bougé outre mesure et les sondages pronostiquent un nouveau duel coriace, où le jeu parfois subtil des alliances pourrait déterminer le sort du gouvernement.
Un agrégateur de sondages créditait les partis de 32 sièges chacun. Le score de leurs alliés potentiels, la droite et les partis religieux pour le Benjamin Netanyahu, et la gauche et les partis arabes pour Benny Gantz, devrait être déterminant.
Des élections importantes pour la survie politique de Netanyahu
Ce nouveau scrutin est d'autant plus crucial pour Benjamin Netanhayu qu'il intervient un mois avant sa comparution devant la justice pour des affaires de "corruption", "d'abus de confiance" et de "malversations".
Le Premier ministre est notamment soupçonné d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable de la part du site d'informations Walla, en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, principal groupe de télécommunications israélien dont le PDG était propriétaire de Walla.
Pour l'heure, Benjamin Netanyahu n'est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire électorale pourrait permettre à ses alliés de lui allouer une immunité. S'il était réélu, puis inculpé, il deviendrait le premier chef de gouvernement en exercice à connaître une telle avanie dans l'histoire d'Israël.
Face à "Bibi", l'ancien général Benny Gantz, libéral sur les enjeux de société comme le mariage civil mais "faucon" sur les questions sécuritaires, joue la carte de la "probité", et pourrait miser sur une alliance de partis laïcs -de gauche et arabe- face au bloc de droite de Netanyahu et de ses alliés de partis juifs ultra-orthodoxes.
"Rares sont les moments où les électeurs sont devant deux possibilités si distinctes, deux chemins seulement, et doivent choisir lequel emprunter", a résumé Benny Gantz dans une tribune en hébreu publiée dans les principaux journaux lundi.
L'issue du scrutin repose sur le jeu des alliances
Au dernier jour de la campagne, les chefs des partis ont enchaîné les entretiens sur les radios locales et ont arrosé les réseaux sociaux pour tenter de galvaniser leurs électeurs.
Lors du dernier scrutin, la participation avait avoisiné les 68%. Craignant de voir ses électeurs bouder les urnes, Benjamin Netanyahu a affirmé lundi qu'ils avaient le choix entre "un gouvernement faible", mené par "la gauche et les Arabes" et un "gouvernement fort de droite", mené par lui.
Les premiers sondages à la sortie des urnes devraient tomber peu après la clôture des bureaux de vote à 22 heures locales, avec de premiers résultats officiels au fur à mesure de la nuit.
En Israël, le nombre de sièges de chaque liste électorale dépend du pourcentage de votes récoltés avec un seuil de 3,25% des voix pour entrer à la Knesset. Outre le score du Likoud et du parti Bleu-blanc, les résultats des alliés potentiels de chacun seront déterminants, car la question n'est pas tant de savoir qui aura le plus de sièges entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz mais lequel des deux sera en mesure d'atteindre, par des alliances, le nombre magique de 61 députés, seuil de la majorité au Parlement.
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