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Guerre en Ukraine: une alpiniste russe brandit le drapeau ukrainien au sommet du mont Everest

Katya Lipka, le 24 mai 2022, au sommet du mont Everest

Katya Lipka, le 24 mai 2022, au sommet du mont Everest - Instagram / Katya Lipka

La jeune femme est venue à bout du géant de l'Himalaya en un peu plus de six heures et a lancé un message de paix depuis son sommet.

La guerre en Ukraine se joue également sur les symboles. Alors que l'invasion par la Russie a commencé depuis plus de 100 jours et a déjà fait au moins 5000 victimes civiles selon Kiev, la population russe est soumise à une forte propagande de la part des médias, soumis au Kremlin, qui insistent sur le bien-fondé de cette "intervention militaire." Pourtant, et alors que le conflit se transforme peu à peu en guerre de positions, de plus en plus de voix dissonantes se font entendre en Russie.

"Je ne conseille à personne de faire la même chose"

Parmi elles, celle de Katya Lipka, une jeune alpiniste et blogueuse russe de 18 ans, qui a déployé le 24 mai un drapeau ukrainien en haut de l'Everest, le plus haut sommet du monde, qu'elle venait de gravir.

Sur Instagram, où elle raconte son périple, elle souligne que l'idée lui est venue fin avril, après qu'elle était tombée sur les photographies d'une expédition russe dans l'Himalaya composée de "clowns patriotes vêtus de vestes aux couleurs du drapeau tricolore."

"Habituellement, j'aurais oublié, mais cette fois, quelque chose en moi a été bouleversé, c'était trop personnel", détaille-t-elle, alors que le monde découvrait tout juste les exactions de l'armée de Vladimir Poutine dans de nombreuses villes, dont Boutcha.

Katya Lipka arrive au Népal, où elle s'attaque à l'ascension "sans acclimatation et sans préparation", avec en plus "une jambe boiteuse." "Je ne conseille à personne de faire la même chose", écrit-elle encore. "Les doigts raidis", l'alpiniste a brandi le drapeau "fait maison" à plus de 8840 mètres d'altitude. Un appel pour "que la guerre se termine" et que son pays "arrête de tuer des gens."

Sur Twitter, la performance a été partagée et saluée par Olexander Scherba, ambassadeur d'Ukraine en Autriche, qui insiste sur le côté "protestataire" de l'action.

"Free Navalny"

Quelques heures plus tard, dans un nouveau post Instagram, cette même alpiniste est revenue sur plusieurs accusations qui lui ont été faites. Plusieurs internautes l'ont en effet accusé d'avoir trafiqué la photographie, qui serait fausse, car celle-ci a été prise dans le noir. A cela, Katya Lipka répond qu'elle "était censée être au sommet à cinq heures du matin, mais pour une raison quelconque, cela s'est avéré beaucoup plus rapide. L'ascension a duré 6,5 heures", a-t-elle justifié.

Le message est accompagné d'une vidéo pour authentifier l'ascension et d'autres photographies, plus anciennes, montrent la chronologie de l'aventure.

Puis, de nombreuses personnes lui ont également reproché d'avoir dépensé une telle somme pour ce voyage, alors que cet argent aurait pu être destiné à des réfugiés de guerre ukrainiens.

"Il vaudrait mieux aider les réfugiés, bien sûr. Pourquoi ne peux-tu pas faire deux choses en même temps?", assure-t-elle, soulignant avoir obtenu du matériel très peu cher.

L'engagement politique de Katya Lipka semble difficilement pouvoir être remis en cause. Dans un autre message publié le 4 juin, jour de l'anniversaire d'Alexeï Navalny, cette dernière a rendu un hommage à l'opposant de Vladimir Poutine actuellement emprisonné, en brandissant, toujours au sommet de l'Everest, une banderole sur laquelle est inscrit "Free Navalny" ("libérez Navalny").

Ce n'est pas la première fois que les hauts-sommets sont utilisés pour diffuser des messages politiques. Fin mai, la police du Kirghizstan indiquait enquêter sur un drapeau ukrainien qui aurait, selon des images sur les réseaux sociaux, été planté sur un sommet nommé en l'honneur du président russe, le "pic Poutine."

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV