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Ukraine: le président Zelensky, d'acteur comique à chef de guerre salué pour son "sang-froid"

Volodymyr Zelensky à Kiev, le 26 février 2022

Volodymyr Zelensky à Kiev, le 26 février 2022 - Capture d'écran

Le dirigeant, élu en 2019 à la tête de l'État ukrainien, affiche sa détermination face à l'offensive russe qui fait rage depuis jeudi.

C'est une trajectoire peu commune que celle de Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien, élu en 2019 à la tête du pays, est un néophyte en politique. Rien ne laissait présager qu'il serait amené à endosser le rôle de chef de guerre qui lui incombe désormais depuis le début de l'invasion russe en Ukraine.

Un nouveau rôle, cette fois bien réel, pour celui qui fut acteur et a incarné un président dans la série à succès Serviteur du peuple, entre 2015 et 2019, disponible sur Arte.tv. Dans la fiction, c'est un professeur d'histoire-géo qui, contre toute attente, devient chef d'État. Dans la réalité, le nom de la série est devenu celui du parti politique de l'ancien comédien.

Âgé de 44 ans, Volodymyr Zelensky, est notamment ciblé ces derniers jours par des détracteurs qui lui rappellent sur les réseaux sociaux une vidéo où il feint de jouer du piano avec son pénis. Le quadragénaire, qui a gagné l'édition ukrainienne de l'émission Danse avec les stars en 2006, n'était pas prédestiné à succéder à Petro Porochenko. Il a pourtant remporté le scrutin en 2019 face à ce dernier, avec 73,2% des voix au second tour, après être arrivé en tête au premier. Petro Porochenko avait été élu en 2014 après l'annexion de la Crimée par la Russie.

Le dirigeant a d'abord acquis une notoriété mondiale, au début de sa présidence avec une conversation téléphonique avec Donald Trump remontant à juillet 2019, au cours de laquelle ce dernier tentait d'obtenir de son homologue ukrainien une enquête afin d'embarrasser son rival Joe Biden.

"Nous allons vaincre"

Si Volodymyr Zelensky a pu être critiqué et raillé pour son inexpérience, ce n'est plus cette tonalité qui prévaut depuis plusieurs semaines et le début des manifestations belliqueuses russes. Et spécialement depuis jeudi et l'invasion militaire lancée par Vladimir Poutine.

Très présent sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky s'est adressé à plusieurs reprises directement à la population ukrainienne mais aussi russe ces derniers jours. "Pas de panique, nous sommes prêts pour tout, nous allons vaincre", lançait-il jeudi dans une vidéo sur Facebook à l'adresse de ses concitoyens, quelques heures après la déclaration de guerre de Vladimir Poutine.

Vendredi, alors que des rumeurs circulaient selon lesquelles il aurait fui Kiev, il publie une nouvelle vidéo, sans casque ni gilet pare-balles, devant le bâtiment de la présidence, notamment entouré par le Premier ministre Denys Chmygal, son chef de cabinet ainsi qu'un proche conseiller.

"Nous sommes tous ici, nos militaires sont ici, les citoyens, la société, nous sommes tous ici, à défendre notre indépendance, notre État", lance calmement le dirigeant, qui, plus tôt dans la journée dans une première vidéo avait déclaré, l'air grave, être "identifié comme la cible numéro 1" des Russes et sa famille "comme cible numéro 2", selon "les renseignements dont (il) dispos(ait)".

Sur ces dernières images, le chef d'État a délaissé son costume au profit d'un pull vert évoquant un style militaire.

Sang-froid

Mercredi, lors d'un appel quelques heures avant la déclaration de guerre de Vladimir Poutine, Emmanuel Macron avait salué "le sang-froid du président ukrainien" face aux menaces. Vendredi, au deuxième jour de l'attaque, c'est le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui, sur France Inter, se disait "très frappé du sang-froid du président Zelensky, de la maîtrise de ses propos, et de la manière dont il s'adresse à son peuple".

L'Ukrainien a par ailleurs refusé l'aide de Joe Biden afin de quitter le pays, répliquant "avoir besoin de munitions, pas d'un taxi".

Sur le compte Twitter de Volodymyr Zelensky, ce sont désormais de nombreux messages de remerciements qui se succèdent en ukrainien et en anglais, adressés aux dirigeants mondiaux et européens qui apportent leur aide à l'Ukraine.

Vendredi, Vladimir Poutine a qualifié Volodymyr Zelensky et son gouvernement de "clique de toxicomanes et de néonazis", en dépit des origines juives du Président et du fait que le russe est sa première langue.

Chef de la résistance

Le président ukrainien se veut chef de la résistance face à l'invasion russe. Vendredi, il avait exhorté les Européens les plus aguerris qui voudraient se battre à se rendre en Ukraine. Dimanche, il a évoqué la création d'une "légion internationale" de combattants étrangers.

Elle semble loin, l'époque où l'ancien acteur paraissait emprunté parmi la cohorte des présidents et chefs de gouvernement. Ce lundi, de premiers pourparlers commencent à la frontière entre le Bélarus et l'Ukraine entre des délégations russe et ukrainienne. Le Président Zelensky ne participe pas aux discussions. "Je ne crois pas trop à un résultat", mais "il faut qu'on essaie", a-t-il indiqué dimanche.

Dans une vidéo diffusée ce lundi, le président a exhorté, en russe, les soldats russes à cesser les combats et à "sauver leurs vies".

"Déposez vos armes, partez d'ici, ne croyez pas vos commandants, ne croyez pas vos propagandistes. Sauvez vos vies, tout simplement", a-t-il lancé.

D'ores et déjà, plus de 500.000 Ukrainiens ont quitté le pays en cinq jours, selon le Haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés. Les Nations unies ont indiqué ce lundi avoir enregistré la mort de 102 civils dont 7 enfants, et 304 blessés depuis le début de l'invasion russe.

Clarisse Martin avec AFP