Etats-Unis: un des candidats démocrates à la présidentielle descend d'esclavagistes

Le quotidien britannique The Guardian a montré ce lundi que Beto O'Rourke, candidat à la désignation démocrate en vue de la présidentielle de 2020, comptait au moins un esclavagiste dans sa famille.
"Connais toi toi-même", recommandait Socrate qui avait vu cette maxime inscrite au fronton du temple de Delphes. Ces jours-ci, Beto O’Rourke, candidat à la désignation démocrate en vue de la présidentielle américaine de 2020, en a éprouvé la valeur. L’homme politique a en effet découvert, par l’entremise du Guardian qui a publié son article ce lundi, qu’il descendait d’esclavagistes, tout comme sa femme.
Cette révélation intervient notamment après qu’il a pris position en faveur du versement de compensations, à titre de "réparations" selon la terminologie employée, en faveur des personnes dont les ancêtres ont été esclaves.
L’ex-représentant du Texas a assuré au média britannique qu’il lui apprenait cet aspect de son lignage. Cependant, celui-ci fait remarquer que les documents prouvant cette dimension de l’histoire familiale étaient en ligne sur le site de généalogie Ancestry.com dont est membre Beto O’Rourke.
800 dollars
Jusqu’ici, on connaissait l’ascendance irlandaise et galloise de l’aspirant à la Maison Blanche. C’est d’abord Bernard O’Rourke qui s’est installé aux Etats-Unis pour y travailler dans le chemin de fer et vivre dans le Midwest. Lui n’a jamais été lié à l'esclavage. Mais le jeu des mariages a fait que la grand-mère de Beto O’Rourke, Mildred, était bien le rejeton d’un propriétaire d’êtres humains.
L'arrière grand-père de celle-ci, Andrew Cowan Jasper, qui a longtemps habité le Kentucky, avait ainsi deux esclaves à son service. Le recensement fédéral des esclaves de 1850 indiquait ainsi qu'il "possédait" deux jeunes filles de respectivement 22 et 17 ans. Après avoir déménagé dans le Kansas avec sa famille, et y être mort en 1857, la paperasse administrative donne enfin un nom à ces deux femmes: Rose et Eliza.
Leur destin douloureux illustre alors le sort de beaucoup de leurs pareils. A la mort d'Andrew Jasper, on les a estimées à 800 dollars chacune et mises aux enchères.
Le passif de la famille d'Amy O'Rourke
Un autre pan de la famille de Beto O'Rourke est liée indissolublement à une des pages les plus terribles de l'histoire américaine. Son grand-père s'appelait Robert Lee Williams Jr. Un "Robert Lee" qui fait affleurer à la surface le souvenir du général en chef du sud pro-esclavage durant la guerre de Sécession. Parmi ses aïeux, on note encore la présence de Columbus Marion Williams qui a lui aussi servi dans les rangs confédérés comme son père Frederick Samuel Williams.
Son épouse, Amy O'Rourke, née Sanders, a elle aussi un lourd passif familial de ce côté-là. Elle descend ainsi des Levy, une famille de planteurs de Virginie. Et dans un document officiel daté de 1798, un litige opposant différentes personnes prétendant hériter des esclaves du clan signalait qu'ils étaient nombreux à travailler sur place. Dans cet inventaire sordide, il est ainsi question d'un "nègre adulte nommé Peter", d'un "garçon nommé Darsy", d'"une fille nommée Sally", d'un "nègre adulte nommé Ned", et d'un "autre appelé Moses".
"Je ne sais pas si j'ai les mots"
Devant cette nouvelle, Beto O'Rourke a fait part de sa stupeur auprès du journal britannique. "Amy et moi, nous nous sommes assis et avons parlé de la manière dont Andrew a pu, via ses descendants, transmettre les bénéfices tirés de la possession d'autres êtres humains. Et au bout du compte, mes enfants et moi en sommes les bénéficiaires. Je ne sais pas si j'ai les mots".
Beto O'Rourke a toutefois développé davantage en publiant un article sur le site Medium. "Je bénéficie d'un système construit par mes ancêtres pour s'avantager eux-mêmes aux dépends des autres. (...) En tant que personne, que candidat à la présidence américaine, je ferai tout ce que je peux pour être à la hauteur de cette responsabilité. Nous devons tous connaître notre propre histoire dans la mesure où elle est en lien avec notre histoire nationale, comme j'apprends la mienne en ce moment même".
En dehors de cette triste trouvaille, Beto O'Rourke peine en revanche à se faire entendre. Selon un récent sondage, il n'est pointé qu'à 2,5% d'intentions de vote loin derrière le favori de son camp Joe Biden et ses 27%.
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