Cameron prêt à accueillir les exilés fiscaux de France

David Cameron, Premier ministre britannique, s'est exprimé sur la politique fiscale de François Hollande en marge du G20, au Mexique. - -
David Cameron fait polémique au sommet du G20 à Los Cabos, au Mexique : le Premier ministre britannique s’est dit lundi prêt à « dérouler le tapis rouge » aux entreprises françaises qui fuiraient l’impôt à 75% sur les hauts revenus. Cette nouvelle tranche fiscale, voulue par François Hollande, devrait prendre effet en 2013. « Quand la France instituera un taux de 75 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d’entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni », a déclaré David Cameron devant des chefs d’entreprise, en marge du G20 au Mexique. « Cela paiera nos services publics et nos écoles et tout le reste », a-t-il ajouté.
« C’est un propos qui lui a échappé »
« Je ne sais pas comment on fait pour dérouler un tapis rouge au travers du Channel (la Manche), ça peut prendre l'eau », a réagi ironiquement le ministre du Travail Michel Sapin. « Je pense que c’est un propos qui lui a échappé », a-t-il conclu.
Bernard Cazeneuve, lui, préfère y voir «une forme d'humour britannique». Le ministre des Affaires européennes l'affirme, «il y a des patrons français qui sont des patriotes, il y a dans l'arsenal des mesures que nous allons prendre en faveur des entreprises, des mesures qui favoriseront l'investissement et inciteront les entreprises à rester en France».
François Hollande s'est engagé pendant la campagne présidentielle à porter à 75% le taux de l'imposition pour les revenus annuels supérieurs à un million d'euros. Cette mesure devrait être incluse dans le projet de loi de finances à l'automne. Entre 3 000 et 3 500 foyers seraient concernés par cette mesure, qui rapporterait quelques centaines de millions d'euros par an à l'Etat.
L'inquiétude d'Alain Juppé
A l'UMP, Alain Juppé s'est inquiété mardi des frictions apparues entre la France et plusieurs de ses partenaires européens, depuis l'élection de François Hollande le 6 mai: d'abord l'Allemagne, et maintenant le Royaume-Uni.
«Nous recevons des leçons des Britanniques (...) - on peut plus ou moins apprécier cet humour - mais aussi la mise en garde de toute les grandes puissances, les Chinois, les Américains, a relevé l'ancien chef de la diplomatie française. L'Europe est montrée du doigt tout simplement parce qu'elle est divisée et que cette cacophonie nous affaiblit gravement».
A son tour, Laurence Parisot s'est saisie de la polémique pour rappeler qu'elle ne voulait pas «que les entreprises françaises marchent sur ce tapis rouge [proposé par Londres]. Je veux des entrepreneurs qui puissent multiplier des projets sur notre territoire», a déclaré la présidente du Medef.