Bangladesh: une ex-miss arrêtée pour menace à la sécurité nationale

Une couronne de Miss. - ESTEBAN VEGA LA-ROTTA / AFP
Une ex-miss du Bangladesh a été arrêtée, accusée d'avoir menacé les liens diplomatiques de son pays et menacé la sécurité nationale, a annoncé la police dimanche 13 avril, une interpellation condamnée par des organisations de défense des droits humains.
Meghna Alam, élue Miss Earth Bangladesh en 2020, a été arrêtée jeudi en vertu d'une loi controversée sur les pouvoirs spéciaux, autorisant la détention sans inculpation formelle.
Le porte-parole de la police, Muhammad Talebur Rahman, n'a pas explicité les raisons pour lesquelles cette femme de 30 ans menaçait la sécurité nationale.
Accusée de "porter atteinte à la sécurité de l'État"
Il a seulement déclaré qu'elle avait accusé à tort des "personnes importantes", qui sont des "ressortissants étrangers" afin de porter préjudice aux relations diplomatiques du pays.
Dans un communiqué publié vendredi, la police a également accusé Meghna Alam de "porter atteinte à la sécurité de l'État" et "aux intérêts financiers du pays".
Le père de l'ex-miss, Badrul Alam, a de son côté imputé l'arrestation de sa fille à des liens personnels avec un ancien ambassadeur saoudien.
Vendredi, la police a affirmé que Meghna Alam n'avait pas été "kidnappée" mais arrêtée en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux, très controversée. Des avocats et militants des droits estiment qu'elle ne respecte pas les droits constitutionnels.
Elle autorise les fonctionnaires à placer en détention indéfiniment une personne sans qu'elle soit formellement inculpée. Les promesses d'abroger cette loi n'ont jusqu'à présent jamais abouti.
Amnesty International dénonce une loi "draconienne"
Dans une lettre ouverte adressée vendredi soir au gouvernement provisoire dirigé par Mohammed Yunus, des avocats et des défenseurs des droits humains ont qualifié cette détention d' "autoritaire" et de nature à ternir la révolution menée par les étudiants l'été dernier, conduisant à la chute de l'ex-Première ministre autoritaire Sheikh Hasina.
Cette arrestation "porte atteinte (notamment) aux principes de justice", selon cette lettre. Amnesty International a qualifié cette loi de "draconienne" en raison de ses "dispositions vagues et trop vastes" permettant de détenir des personnes sans inculpation formelle.
Asif Nazrul, conseiller juridique du gouvernement provisoire, a déclaré dimanche que le recours à la loi sur les pouvoirs spéciaux pour la détenir "n'est pas approprié".
Le père de l'ex-miss, Badrul Alam, a déclaré dimanche à l'AFP qu'elle a été arrêtée sur ordre d'un ancien ambassadeur saoudien au Bangladesh avec qui elle avait une relation, après avoir refusé sa demande en mariage.
L'AFP n'a pas pu vérifier ses déclarations. Contactée par l'AFP, l'ambassade saoudienne à Dacca n'avait pas répondu dimanche à la mi-journée.