Avec son cadeau pour Trump, Macron veut renforcer le lien entre la France et les Etats-Unis

Emmanuel Macron est en visite d’état aux Etats-Unis à partir de ce lundi, et a donc trouvé un cadeau à offrir à son homologue américain, comme le veut la coutume.
C'est un peu comme vous, quand vous êtes invité à dîner chez des amis. Emmanuel Macron débute ce lundi une visite d’état aux Etats-Unis, la première de ce type sous l'ère Donald Trump. Et pour respecter la coutume qui veut que le chef d’Etat "visiteur" n’arrive pas les mains vides, le président français apporte avec lui une bouture d'un chêne du Nord de la France. Un présent censé symboliser la force des relations entre les deux pays, que le chef de l'Etat espère voir planté sur le terrain de la Maison Blanche. Un nouveau geste fort pour le président de la République, qui s'est déjà illustré en matière de diplomatie des cadeaux.
En janvier dernier, lors de son voyage en Chine, Emmanuel Macron avait offert un cheval à Xi Jin Ping. C’était d’ailleurs "plus qu’un cadeau, un geste diplomatique", expliquait l’Elysée à l’époque. Vésuve de Brekka, un hongre bai brun de 8 ans appartenant à la Garde républicaine, avait donc fait le voyage présidentiel. Avant de terminer dans les écuries chinoises, le cadeau avait tout de même passé plus d’un mois en quarantaine.
"Les présidents de la Ve République reçoivent régulièrement des animaux, mais en offrir, c’était assez inédit. Et en même temps dans la symbolique macronienne, c’était assez malin, parce qu’il renouait avec des traditions très anciennes", estime Marie-Karine Schaub, historienne est spécialiste des cadeaux diplomatiques.
Symbole de notre amitié, voici Vésuve de Brekka qui ouvre une coopération de long terme avec notre Garde républicaine. pic.twitter.com/kl6la4B2IV
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 8 janvier 2018
Offrir un présent à son homologue étranger, ce n’est pas que de la politesse. C’est donc un vrai geste diplomatique. A l'Elysée, c’est le service du protocole qui est chargé de cette mission, et celui-ci est dirigé par un diplomate, Frédéric Billet. Son prédécesseur, Laurent Stefanini, est désormais ambassadeur à l’Unesco. Avant lui, Jean-Pierre Lacroix a été nommé ambassadeur en Suède avant de devenir directeur des Nations unies, des organisations internationales, des droits de l’homme et de la francophonie à l’administration centrale du Quai d’Orsay.
"Cela peut parfois amener jusqu’à l’incident diplomatique"
C’est donc une mission réservée à des spécialistes, et ce n’est pas pour rien.
"Les cadeaux peuvent être mal reçus", assure Marie-Karine Schaub. "Je vous fais un cadeau que je trouve somptueux, et soit vous ne comprenez pas sa signification, soit vous trouvez que le cadeau est lamentable. Le roi de France a reçu un jour une coiffe indienne, qui était un objet de prix extraordinaire du côté de ceux qui offraient. Mais pour le roi, c’était une pacotille. Cela peut parfois amener jusqu’à l’incident diplomatique. C'est le cas quand le cadeau est perçu comme un salaire et être assimilé à de la corruption."
Le service du protocole de l’Elysée, qui n’a pas donné suite à nos demandes, ne tient pas de registre, en tout cas public, de ces cadeaux offerts. Mais sur le site de la Maison Blanche est mis en ligne chaque année les présents que reçoivent les présidents américains. On apprend donc que pour sa première visite, en mai 2012, François Hollande avait offert à Barack Obama un lot de de reproductions d’un plan de Paris par Turgot, ainsi qu’un sac à main, un tote-bag et un portefeuille beige pour un montant de 1473$ (1197 euros). Deux ans plus tard, il est revenu avec trois bouteilles de vin et la collection des Mémoires du Général Lafayette (2906$, soit 2360 euros). Mais le président américain est dans l’obligation légale de rendre ses cadeaux à son administration au-delà d’un montant de 375$, à moins qu'il ne veuille les racheter au prix du marché.
"Louis XIV a arrosé l’Europe avec ses portraits"
Pour trouver l’inspiration, les spécialiste de l'Elysée peuvent également tenter un petit coup dans le rétroviseur de l’Histoire. "Le cadeau diplomatique est aussi un moyen de montrer les progrès scientifiques, ou de l’industrie", reprend Marie-Karine Schaube. "A l’époque où est créée la manufacture des Gobelins, on envoie à toute l’Europe des extraordinaires tapisseries. A l’époque royale, il y a une chose que les rois de France adorent envoyer, et ça fait partie de leur propagande monarchique, c’est leur portrait. Louis XIV a arrosé l’Europe avec ses portraits."
Qu'ont offert à Donald Trump ses précédents visiteurs? Le Pape François avait décidé de faire passer un message politique avec un médaillon sur lequel était gravé une branche d’olivier et une reproduction de son encyclique exhortant les gouvernements à agir sur le changement climatique. Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, avait choisi de faire un clin d’œil avec une photo de Donald Trump en plein discours sous les yeux du père de Justin Trudeau en 1981. Quant au dirigeant japonais Shinzo Abe, il avait joué la sécurité, avec un club de golf à 3755$ (3050 euros).
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