Des millions d'Indiens se baignent dans le Gange pour la Kumbh Mela

Dans la soirée, le nombre des pèlerins qui s'étaient plongés dans les eaux sacrées a atteint 30 millions - -
Plus de 30 millions de pèlerins hindous se sont baignés dimanche dans les eaux sacrées du Gange, lors de la journée jugée la plus propice de la Kumbh Mela, le plus grand festival religieux au monde qui se tient tous les douze ans à Allahabad, dans le nord de l'Inde.
Le festival a été endeuillé en fin de journée par une bousculade qui a fait au moins 20 morts et de nombreux blessés, selon la police, à la principale gare ferroviaire d'Allahabad.
Dès avant l'aube, des gourous au corps recouvert de cendres ont conduit les millions de pèlerins vers les eaux, pour un bain censé laver des péchés. Dimanche matin, la population d'Allahabad avait enflé jusqu'à 40 millions de personnes, contre 1,2 million en temps normal.
Une vingtaine de millions se pressaient à ce moment sur l'immense zone réservée aux pèlerins, le long des rives du fleuve sacré, a indiqué Ashok Sharma, un des porte-parole du festival.
30 millions de pélerins
Les milliers de policiers et de volontaires chargés de diriger les flots humains demandaient aux pèlerins de se tremper brièvement dans l'eau glacée puis de laisser la place aux suivants.
"On estime le nombre de personnes allant au fleuve à quelque 20 millions, en se basant sur nos observations aériennes depuis des hélicoptères, nos caméras et nos gens sur le terrain", a ajouté le porte-parole. "Les pèlerins sont encouragés à quitter les ghats - les marches allant au fleuve - après s'être baignés pour éviter les encombrements".
Dans la soirée, le nombre des pèlerins qui s'étaient plongés dans les eaux sacrées a atteint 30 millions, un record, selon les autorités.
"Cet après-midi, plus de 20 millions de personnes avaient pris le bain sacré, et ce soir leur nombre a dépassé 30 millions", a déclaré au cours d'une conférence de presse un haut responsable local, Devesh Chaturvedi.
Mythologie
La Maha Kumbh Mela, qui a débuté le 14 janvier et s'achèvera début mars, se tient tous les douze ans à Allahabad (Uttar Pradesh, nord) et rassemble sur toute sa durée (55 jours) une centaine de millions d'hindous, faisant de ce festival le plus vaste au monde.
Des versions de moindre ampleur se déroulent tous les trois ans dans d'autres villes indiennes.
Les bains ont lieu à la confluence de trois fleuves sacrés : Gange, Yammuna et Saraswati. Les pèlerins pensent que se baigner dans ces eaux les lave de leurs péchés et les libère du cycle des réincarnations.
Cette fête trouve son origine dans la mythologie hindoue, selon laquelle quelques gouttes du nectar de l'immortalité sont tombées sur les quatre villes qui accueillent ce rassemblement: Allahabad, Nasik, Ujjain et Haridwar.
Spectacle chaotique et coloré
Des sages aux cheveux entortillés en dreadlocks, des prophètes autoproclamés et des hommes de peu ont afflué de tout le pays en un spectacle chaotique et coloré de l'étourdissante spiritualité indienne.
Malgré l'heure matinale, la température glaciale des eaux, par ailleurs très polluées, les pèlerins se déclarent régénérés par cette expérience spirituelle.
"C'est tout simplement une expérience hors du monde", explique Swapna Bhatia, un décorateur d'intérieur venu de New Delhi. "Je me sens tellement léger à présent".
"Entrer dans le fleuve peut changer votre vie pour toujours", assure Malti Devi, 65 ans, venue de Londres.
La plupart des dévots plongent leur tête sous l'eau, d'autres boivent une gorgée ou remplissent une gourde pour la ramener chez eux.
20 morts
Plus de 7.000 policiers ont été déployés pour cette journée la plus chargée du festival, épaulés de 30.000 volontaires, selon la police.
"Le dispositif de sécurité est pleinement déployé et notre principale préoccupation est la sortie en douceur des personnes après le bain, car le nombre des pèlerins aujourd'hui a dépassé nos attentes", a souligné auprès de l'AFP Ganganath Tropathi, chargé de la sécurité.
Il s'exprimait avant la bousculade mortelle survenue près de la gare.
Un responsable de la police, cité par l'agence de presse indienne PTI, a annoncé dans la soirée que 20 personnes avaient été tuées et un grand nombre blessées dans la bousculade.
La télévision locale NDTV a, elle aussi, donné un bilan de 20 morts et a indiqué que certains des blessés étaient dans un état critique.
Selon des responsables, les balustrades d'un pont proche de la gare ont cédé sous la pression de la foule. Des témoins ont affirmé, pour leur part, aux médias locaux que la police avait chargé la foule à la matraque, provoquant une panique qui serait à l'origine de l'accident.
Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, s'est déclaré "profondément choqué" par l'événement.