Le ministère d'Elon Musk s'en prend à l'agence météorologique américaine et fait irruption dans ses locaux

Des membres du département de l'efficacité gouvernementale créé par Donald Trump pour baisser les dépenses publiques et confié à l'homme le plus riche du monde ont débarqué par surprise au siège de la NOAA, agence météorologique et climatique menacée par l'administration du nouveau président.

"Poussez-vous de mon chemin". Des employés du département de l'efficacité gouvernementale américain (Doge), dirigé par Elon Musk, ont fait irruption au siège de la NOAA, la National Oceanic and Atmospheric Administration (en français, Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique) ce mercredi 5 février, dans le Maryland.

Cet organisme est chargé de prévoir la météo, de mener des recherches sur le changement climatique ou encore de surveiller les événements météorologiques extrêmes comme les ouragans. L'agence est dans le viseur de l'administration de Donald Trump, qui prend pour cibles les organisations qui travaillent sur le dérèglement climatique et qui cherche, dans le même temps, à réduire au maximum les dépenses fédérales.

"Ils ont simplement contourné la sécurité et ont dit 'Poussez-vous de mon chemin' et ils ont cherché à accéder aux systèmes informatiques", raconte auprès du Guardian Andrew Rosenberg, un ancien responsable de la NOAA.

Plusieurs médias rapportent cette intrusion de sources travaillant pour la NOAA mais ayant souhaité rester anonymes, par peur de représailles. Des membres du Congrès ont également confirmé cette irruption.

Intimidation

D'après le récit d'une personne travaillant pour l'agence, ces agents n'ont "pas posé de questions sérieuses sur ce que fait la NOAA et sur l'importance de son rôle". "Il ne s'agit pas d'une évaluation visant à déterminer l'efficacité", déclare-t-elle auprès de CBSNews, alors que de nombreux conservateurs aux États-Unis plaide pour la suppression de la NOAA.

Le département de l'efficacité gouvernementale créé par Donald Trump et confié au milliardaire Elon Musk vise à une transformation radicale de l'État américain en réalisant des milliards de dollars d'économies en dépenses publiques, notamment en réduisant drastiquement le nombre de fonctionnaires.

"Ils se présentent où ils veulent, font ce qu'ils veulent", déplore Andrew Rosenberg, qui voit en cette visite surprise au siège de la NOAA une intimidation.

Le "Doge", qui n'est pas un ministère à proprement parler, n'a pas le pouvoir de supprimer une telle agence sans l'aval du Congrès. "Je pense que la stratégie ici est la suivante: 'Eh bien, nous allons simplement le faire et défier quelqu'un de nous arrêter, et le temps qu'il nous arrête, nous aurons tout détruit'", affirme Andrew Rosenberg.

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Politiques de diversité

D'après plusieurs médias américains comme Axios ou ABCNews, les membres du service d'Elon Musk cherchaient notamment à avoir accès à des informations sur les programmes de diversité de la NOAA.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump s'attaque régulièrement à ces programmes, qui visent à des efforts de "diversité, d'équité et d'inclusion" (DEI) aux États-Unis, dans les entreprises ou au sein de l'administration publique.

Ces informations comprendraient notamment des données personnelles et confidentielles de membres de groupes LGBT+ ou de femmes travaillant de la NOAA. Le Doge a également recherché ce genre d'informations dans d'autres agences fédérales du pays.

Selon ABCNews, ils ont également vérifié les panneaux des toilettes pour s'assurer qu'ils étaient conformes au décret pris par Donald Trump, qui vise à ne reconnaître que "deux genres" aux États-Unis.

L'agence menacée

Cette irruption au siège de l'agence ravive les inquiétudes déjà fortes autour du sort de la NOAA. Le même jour, Donald Trump a officiellement nommé Neil Jacobs au poste d'administrateur de l'organisme, rôle qu'il avait déjà occupé en intérim lors du président mandat du républicain.

Comme le rappellent les médias américains, Neil Jacobs avait notamment été au cœur d'une polémique pour avoir obligé la NOAA à modifier des prévisions météo pour que celles-ci collent avec une déclaration éronée de Donald Trump concernant la trajectoire d'une tempête.

Alors que l'agence compte environ 12.000 employés à travers le monde, des responsables ont déclaré à CBSNews qu'elle risquait, dans un premier temps, une réduction de 50% du personnel et à des coupes budgétaires d'au moins 30%.

La NOAA gère notamment le National Weather Service, l'équivalent de Météo-France en France. Elle est également le plus grand fournisseur mondial de données météorologiques et climatiques, qui servent aux scientifiques des quatre coins du globe.

"Je rappelle que c'est notamment grâce aux travaux de la NOAA que nous avons pu avancer relativement vite en France sur les questions de submersions chroniques à marée haute, un sujet qui était passé très largement sous les radars en France", écrit sur le réseau social Bluesky Gonéri Le Cozannet, membre du Giec.

"Le National Weather Service prévient la population de l'arrivée de phénomènes météorologiques violents, tels que des ouragans, des incendies de forêt et des tornades", déplorent deux sénateurs démocrates dans un communiqué.

"Il fournit des informations aux autorités et aux décideurs pour soutenir le commerce de notre pays, notamment des prévisions météorologiques pour l'aviation afin de prévenir les catastrophes liées aux conditions météorologiques", écrivent-ils également.

D'autres organismes ciblés

Donald Trump a dans son viseur plusieurs organismes qui traitent la problématique du changement climatique comme la NOAA, à l'instar de l'Agence de protection de l’environnement (EPA).

À cela s'ajoute la mission confiée à Elon Musk de faire des économies de dépenses publiques fédérales.

Ce lundi, l'homme le plus riche du monde a annoncé qu'il allait fermer l'Agence américaine pour le développement international (USAID). L'ensemble du personnel a ainsi dans la foulée été placé en "congé administratif", les employés étant appelés à ne pas se rendre à leur bureau et ceux actuellement à l'étranger priés de rentrer aux États-Unis sous trente jours.

Salomé Robles