Après sa défaite, que va devenir Hillary Clinton?

Hillary Clinton prononce un discours à New York au lendemain de sa défaite, mercredi 9 novembre 2016. - BFMTV
Elle y croyait dur comme fer. Mais Etat après Etat, résultat après résultat, le sol s'est dérobé sous les pieds d'Hillary Clinton à mesure que s'est dessiné le verdict des urnes, dans la nuit de mardi à mercredi. Jusqu'à la veille du scrutin, les sondages nationaux lui donnaient pourtant l'avantage et les projections de tous les grands médias la voyaient gagner haut la main à la présidentielle américaine.
Nuit cauchemardesque
Depuis plusieurs jours, la candidate démocrate s'efforçait de rassembler en vue de sa victoire: "Je veux être la présidente de tous les Américains", expliquait-elle, avec un sourire assuré. Au moment de la fermeture des premiers bureaux de vote, quelques heures avant la claque, son équipe de campagne se montrait confiante et tout - jusqu'à la scène en forme de carte du pays dans son QG - était prêt pour fêter ce qui s'annonçait comme une date historique: celle de l'élection la première femme à la tête de la nation. Tout un symbole après celle en 2008 de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis.
Pour l'ex-secrétaire d'Etat, la nuit électorale a été extrêmement amère. A ce point cauchemardesque que si elle a concédé sa défaite vers 2 heures du matin mercredi, elle a attendu le lendemain du vote (mercredi après 17h30 heure de Paris) pour réapparaître et s'exprimer publiquement à la suite de son échec face au candidat républicain Donald Trump, désigné 45e président des Etats-Unis.
D'aucuns y voient une malédiction. D'autres le signe de la persistance d'un "plafond de verre" empêchant les femmes d'accéder au poste suprême. Hillary Clinton encaisse là sa deuxième débâcle dans sa course à la Maison Blanche, huit ans après avoir été prise de vitesse par Barack Obama, investi par les démocrates pour porter les couleurs du parti.
"J'ai proposé à Donald Trump de travailler avec lui"
La fin d'une carrière entièrement tournée vers l'objectif de décrocher "le métier le plus dur au monde"? Sans le moindre doute pour Ulysse Gosset, notre éditorialiste international.
Prononçant son discours de défaite dans un hôtel de New York mercredi devant des supporters en pleurs, Hillary Clinton, âgée de 69 ans, n'a pas clairement annoncé son retrait définitif de la scène politique. Elle a remercié ses soutiens et les a appelés à accepter la passation pacifique du pouvoir à Donald Trump. Elle a souhaité une présidence réussie à son rival victorieux qui, pendant la campagne, avait promis de la mettre en prison s'il devenait commandant en chef, en raison du scandale de ses e-mails. L'ex-sénatrice lui a d'ailleurs proposé sa collaboration.
"Hier soir j'ai félicité Donald Trump et lui ai proposé de travailler avec lui pour notre pays", a-t-elle déclaté, sans autre indication. "Notre démocratie constitutionnelle exige notre participation. Pas tous les quatre ans, mais à chaque instant. Alors faisons tout ce que nous pouvons pour continuer à faire avancer les valeurs et les causes qui nous tiennent à cœur. (...) A présent, en tant que citoyens, nous avons une responsabilité: jouer notre rôle pour ce pays. Pour créer cette Amérique plus juste, plus forte, plus robuste. Et je sais que vous jouerez votre rôle", a poursuivi l'ancienne First Lady, ne précisant toutefois pas si cette injonction s'adressait uniquement à ses partisans ou à elle également.
Détestée par beaucoup d'Américains
De fait, qu'il s'agisse de Mitt Romney (2012), John McCain (2008), John Kerry (2004) ou Al Gore (2000), on entend généralement beaucoup moins parler des anciens prétendants à la présidentielle américaine après un échec. Il reste aussi qu'Hillary Clinton est détestée par beaucoup d'Américains. Et même si son colistier Tim Kaine a revendiqué la victoire du "vote populaire" - en nombre de voix dans tout le pays, contrairement à la victoire de Trump en termes de grands électeurs, qui elle permet d'emporter la présidence -, ce résultat témoigne aussi du souhait, pour une grande partie de l'électorat, de ne tout simplement plus la voir.
Se servira-t-elle de sa notoriété internationale pour des activités privées? Depuis son départ de la Maison Blanche en 2001, son époux Bill Clinton a ainsi engrangé des dizaines de millions de dollars, notamment via des services de conseil et des conférences rémunérées, même s'il n'avait plus accepté un seul discours payé depuis des mois selon NBC, pour ne pas prêter le flanc aux critiques pendant la campagne de sa femme.
La démocrate pourrait surtout se recentrer sur la Fondation Clinton, dont Bill Clinton est membre du conseil d'administration. Depuis qu'il l'a créée en 2001, cette grande fondation caritative a levé quelque deux milliards de dollars aux Etats-Unis et à l'étranger pour des actions dans la santé - sida, paludisme... - le développement et le climat. En août, Donald Trump en avait demandé la fermeture, l'accusant d'être "l'entreprise la plus corrompue de l'histoire politique".