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En France, 5,7% des ménages ne parvenaient plus à payer leur loyer ou leur crédit en 2020

La France est dans une situation plus dégradée que la moyenne européenne en matière d'arriérés de paiement de loyer ou de crédit immobilier.

Un nombre croissant de ménages européens, étranglés par la hausse des prix de l'immobilier et de l'énergie, est confronté à des impayés de loyers, selon un rapport publié jeudi par deux associations, qui s'inquiètent d'une possible augmentation des expulsions. "Dans l'Union européenne, depuis la pandémie de Covid-19, 8,3% des ménages pauvres* se trouvent en situation d'impayé de loyer ou de remboursement d'emprunt immobilier" en 2020, un phénomène qui a augmenté de 20% entre 2019 et 2020, affirment la Fondation Abbé-Pierre et la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA).

D'un pays à l'autre, il existe d'importants écarts. Ainsi, 19,6% des ménages pauvres en Grèce étaient en arriérés de paiement de loyer ou d'hypothèque. Ils étaient 17,8% en Irlande, 17,5% en France et 16,7% en Espagne. De leur côté, la Roumanie (0,6% des ménages pauvres dans cette situation), la Pologne (0,6%) et la Croatie (0,8%) affichent les taux les plus bas.

Plus globalement, 3,3% de l'ensemble des ménages de l'Union européenne présentent des arriérés de loyer ou d'emprunt immobilier, selon ce rapport. Une part qui grimpe à 9,3% en Grèce, 8% en Irlande, 6,9% en Espagne et 5,7% en France. Inversement, ce taux est beaucoup plus faible en Roumanie (0,4% des ménages), en Pologne (0,6%) ou encore en Croatie (0,8%).

De ce fait, on peut "craindre, à terme, une augmentation des expulsions avec des conséquences sociales importantes", ajoutent les deux associations dans la 7e édition de leur rapport annuel sur le mal-logement en Europe. Ce risque est d'autant plus élevé que les moratoires sur les expulsions décidées de manière temporaire du fait de la crise du Covid-19 "ont progressivement pris fin", et que la présence de millions de réfugiés ukrainiens "risque également d'augmenter une pression déjà forte sur les services d'aide aux personnes en difficulté", font valoir les auteurs du rapport.

Hausse des coûts de l'énergie

Beaucoup de familles, déjà fragilisées par les conséquences économiques de la pandémie, doivent désormais faire face à la hausse des coûts de l'énergie et à l'inflation. Elles sont "prises entre le marteau et l'enclume, entre la pandémie et la crise du pouvoir d'achat", résume Sarah Coupechoux, chargée des questions européennes à la Fondation Abbé Pierre.

"Cela doit nous alerter: pour éviter une bombe sociale, les Etats de l'UE doivent prendre des mesures structurelles", a-t-elle ajouté, citant une revalorisation des allocations logement et des minima sociaux, ainsi qu'une politique d'encadrement des loyers et de "lutte contre la spéculation immobilière".

Pour les auteurs du rapport, "il est indispensable de ne pas réduire le soutien aux ménages vulnérables, comme cela a été fait" avec les politiques européennes d'austérité, "mais au contraire de les aider à faire face à la crise des coûts de la vie", par exemple en puisant dans les plans de relance. La lutte contre le mal-logement et le sans-abrisme doit également être "alignée" avec celle contre la précarité énergétique, soulignent la Fondation Abbé-Pierre et la FEANTSA: les rénovations des logements mal isolés ou trop énergivores doivent profiter en priorité aux plus mal logés, mais avec des garanties pour que cela n'augmente pas déraisonnablement leur loyer.

*"Le seuil de pauvreté est établi à 60% du revenu équivalent médian après transferts sociaux. Les personnes considérées comme pauvres sont celles dont le revenu disponible se situe en-dessous de ce seuil", précise le rapport.

D.L. avec AFP