Féminicide à Hazebrouck en 2015: la réclusion criminelle à perpétuité requise contre l'accusé
"Quelque-chose qui relève du supplice": l'avocat général a requis jeudi aux assises de Douai la réclusion criminelle à perpétuité contre Hocine Hamoudi, "prédateur conjugal" accusé de s'être acharné pendant des heures sur sa compagne en 2015 à Hazebrouck (Nord), jusqu'à ce que mort s'ensuive.
L'avocat général Sébastien Piève a décrit "un véritable tsunami pour tuer" avec "la volonté de faire souffrir la victime", "cinq longues heures de calvaire", "quelque-chose qui relève du supplice".
Jugé pour le meurtre et viol de Sandra en 2015
Il a appelé la cour d'assises de Douai, qui juge M. Hamoudi depuis mardi, à le condamner pour le meurtre et le viol de Sandra, 41 ans, tuée chez elle le 1er mai 2015, soulignant la "dangerosité criminelle" de ce "prédateur conjugal".
M. Hamoudi, 35 ans, a nié tout au long du procès le viol, et s'il a reconnu avoir porté les coups, il s'est défendu de toute volonté de tuer.
L'autopsie de la victime, dont le nom de famille est occulté pour protéger ses quatre enfants nés de précédentes unions, avait recensé pas moins de 20 fractures et 144 lésions.
L'avocate de la famille de Sandra, Me Blandine Lejeune, a qualifié le procès dans sa plaidoirie de "radioscopie chronique d'une mort annoncée", déplorant des "dysfonctionnements" de la justice ayant conduit à sa mort.
Verdict attendu vendredi
Jugée vulnérable et sous l'emprise de M. Hamoudi par les enquêteurs, Sandra avait porté plainte à deux reprises contre son compagnon, déjà sous le coup de poursuites pour violences conjugales, après les accusations d'autres femmes.
Pour la défense, Me Damien Legrand, a lui aussi pointé des lacunes judiciaires: "cet homme aurait pu être jugé 1.000 fois, et en 2023 on vous demande de réparer ce qui a été écarté il y a de ça bien longtemps, c'est-à-dire la justice", a-t-il lancé.
"La défaite c'est la résignation des victimes (...) c'est Sandra qui n'appelle pas la police parce qu'elle sait qu'elle ne viendra pas, c'est le voisin qui entend du bruit mais qui n'appelle pas", a-t-il estimé.
"Hocine Hamoudi n'est pas normal", a-t-il plaidé, évoquant un faible quotient intellectuel, un "type qui n'a rien réfléchi".
L'accusé a "gardé les séquelles neurologiques et cognitives" d'un accident routier, a mis en avant son autre avocat, Jean-François Canis.
"Il n'y a pas de preuve de viol", a-t-il poursuivi, appelant les jurés à faire preuve "d'humanité". Le verdict doit être rendu vendredi.
Elle avait porté plainte plusieurs fois
Sandra avait porté plainte une première fois en juin 2014, accusant son compagnon de coups de poing et de tournevis, infligés après qu'elle a refusé de se prostituer pour lui. Elle s'était rétractée quelques semaines plus tard, et l'affaire classée sans suite.
Elle avait déposé une seconde plainte moins d'un mois avant d'être tuée, M. Hamoudi l'ayant blessée en tentant de s'introduire de force chez elle, mais aucune mesure de protection n'avait été mise en place.
Remis en liberté sous contrôle judiciaire en 2016 à la suite d'un vice de procédure, l'accusé a depuis le drame fait l'objet d'autres plaintes pour viol, violences et proxénétisme, déposées par plusieurs femmes, et a été incarcéré en décembre 2018, puis à nouveau en 2021.