Des milliers de manifestants pour le 1er-Mai syndical, malgré la pluie et le Covid-19

La manifestation du 1er mai 2021 à Marseille - Christophe SIMON
Défense de l'emploi et des libertés: pour la deuxième année consécutive, les syndicats ont célébré samedi la journée internationale des travailleurs à l'aune du Covid-19, avec cette fois des milliers de manifestants dans la rue et quelques tensions. Peu avant le départ de la manifestation parisienne, forte de plusieurs milliers de personnes, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a rappelé qu'il y avait eu "beaucoup de frustration" l'an dernier avec un 1er-Mai confiné. Il s'était auparavant réjoui de reprendre ainsi les "bonnes habitudes".
La CGT, qui avait comptabilisé près de 300 manifestations dans l'Hexagone, avait appelé, avec FO, la FSU et Solidaires à faire de ce 1er-Mai une journée "pour l'emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde".
Les autorités s'attendent à environ 100.000 manifestants sur l'ensemble du territoire. En 2019, le ministère de l'Intérieur en avait comptabilisé 164.000 et la CGT 310.000.
Des revendications variées
Emploi, salaires, gestion de la crise Covid par le gouvernement, restrictions des libertés...: dans les cortèges, les revendications étaient variées, la contestation de la réforme de l'assurance-chômage revenant de façon récurrente.
A Lyon, où 3000 personnes ont manifesté sous la pluie, selon la préfecture, un bref affrontement a éclaté entre un petit groupe de "black blocs" et des policiers. La préfecture a fait état de cinq interpellations, et de 27 blessés parmi les membres des forces de l'ordre. La manifestation s'est ensuite achevée dans le calme.
"On a beaucoup de raisons de venir manifester: le contexte sanitaire, social, l'appauvrissement global de la société", a affirmé Ivan Gineste, 50 ans, CPE dans un lycée lyonnais.
Marseille, Nantes, Toulouse, Strasbourg...
A Marseille, sous une météo là aussi peu clémente, ils étaient environ 3500 manifestants, selon la préfecture, et quelques milliers à Lille, tandis qu'à Rennes, ils étaient 1700, selon la préfecture. A Nantes, la manifestation a réuni 3750 personnes, selon la préfecture, qui a fait état de "quelques heurts" momentanés liés à la présence d'"une centaine de personnes de l'ultra gauche".
Des manifestants (environ 2000 selon la CGT) se sont aussi rassemblés non loin de Caudan (Morbihan) où est implantée l'usine de la Fonderie de Bretagne, en grève contre la cession du site par Renault.
Plus d'un millier de personnes ont aussi défilé à Toulouse, tandis qu'ils étaient entre 1600 (police) et 4500 (syndicats) à Bordeaux et entre 1300 (police) et 2000 (CGT) à Saint-Etienne. A Strasbourg, où ils étaient entre 1300 (police) et 5000 (syndicats), on pouvait lire sur des pancartes: "retrait de la réforme chômage" ou "ma retraite sera aussi pourrie que ma pancarte".
Dans le cortège, Clarisse Daull, retraitée de l'édition, a rapporté avoir eu envie "de venir deux fois", ayant "beaucoup souffert de ne pas défiler l'an dernier". "Depuis un an, il n'y a qu'un seul sujet, c'est le Covid" alors que "les travailleurs continuent à souffrir", a-t-elle déploré.
A Marseille, sous une météo là aussi peu clémente, environ 3.500 manifestants, selon la préfecture, sont partis du Vieux-Port pour crier leur colère, notamment face à la réforme de l'assurance chômage, tandis qu'à Rennes, ils étaient 2.000, selon FO. A Nantes, la manifestation réunissait 3.750 personnes selon la préfecture, qui a fait état de "quelques heurts" momentanés liés à la présence d'"une centaine de personnes de l'ultra gauche". Plus d'un millier de personnes défilaient aussi dans le centre-ville de Toulouse sous une pluie fine, avec une importante délégation de "gilets jaunes", tandis qu'ils étaient entre 1.600 (police) et 4.500 (syndicats) en centre-ville de Bordeaux, dans un ensemble hétéroclite et coloré.
Départ du cortège parisien à 14h
A Paris, la manifestation s'est élancée peu après 14 heures de la place de la République vers celle de la Nation, les numéros un de la CGT et de FO défilant côte à côte pour la première fois depuis 2016. Des tensions sont rapidement apparues, avec des "tentatives répétées de constitution d'un black bloc en avant du cortège syndical" qui ont longuement bloqué les manifestants, selon une source policière. Le cortège avançait de façon sporadique.
Les fauteurs de trouble étaient estimés à "quelques centaines", tandis que 5000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans la capitale, de source policière.
La préfecture de police a fait état de 34 interpellations. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, selon le parquet.
En 2019, Philippe Martinez avait dû quitter le carré de tête, pris dans des affrontements entre police et "black blocs".
A un an de la présidentielle, plusieurs responsables politiques de gauche ont pris part aux cortèges, tels Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Fabien Roussel (PCF) à Lille, ce dernier affirmant qu'"on commence à exploser de colère".
A l'heure des 150 ans de la Commune de Paris, FO avait lancé la journée à Paris avec un hommage devant le mur des Fédérés du Père-Lachaise. Son numéro un, Yves Veyrier, a affirmé que son syndicat n'entendait pas "baisser la garde", malgré le contexte de pandémie.
Mettant en avant le risque sanitaire, la CFDT avait opté pour un rassemblement virtuel sur Facebook avec des militants.