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Les nouveaux chemins de la croissance passent par l’industrie de la connaissance

[CONTENU PARTENAIRE] Président de la Fédération Syntec, directeur général adjoint du groupe Sopra Steria et membre du bureau et du comité exécutif du Medef, Laurent Giovachini nous rappelle le rôle incontournable que joue désormais l’industrie de la connaissance dans la croissance française et européenne.

Qu’appelez-vous « industrie de la connaissance » et sa contribution à l’économie française est-elle suffisamment reconnue par les pouvoirs publics ?

L’industrie de la connaissance regroupe les métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil, de l’événementiel, de la formation professionnelle qui constituent ceux représentés au sein de la Fédération Syntec. Mais au-delà de ces derniers, elle inclut également d’autres métiers de service à forte valeur ajoutée comme ceux de la banque, de l’assurance, des télécommunications et de la communication proprement dite. Cet ensemble représente en France deux millions d’emplois et environ 15 % du PIB. Or, et c’est ce que je développe dans un livre (1) qui vient de paraître, ces services immatériels sont, à l’exception des start-up, dans l’angle mort de nos politiques et de nos médias. Or, cette industrie de la connaissance est vitale, car elle représente également une grande partie du travail de demain avec 60 à 70 % de cadres, de bac+5. Les nouveaux chemins de la croissance passent par l’industrie de la connaissance.

Que faut-il faire pour qu’elle sorte de cet angle mort ?

C’est l’objet de mon livre « Les nouveaux chemins de la croissance » que de les mettre davantage en lumière. La réindustrialisation du pays est une nécessité, mais elle ne pourra se faire sans cette industrie de la connaissance. Bien évidemment, la transformation des start-up en licornes a toute son importance. Mais ces start-up ne se développeront pas sans un écosystème beaucoup plus large qui inclut de grandes sociétés de services informatiques comme Capgemini, Atos ou Sopra Steria, de grands éditeurs de logiciels comme Dassault System ou SAP en Allemagne. Pour sortir de cet angle mort, c’est d’abord à nos métiers de davantage mettre en évidence notre apport. Nous représentons une vraie force, notamment parce que nous regroupons la plus forte densité de talents en termes d’intelligence productive de l’économie française.

Craignez-vous qu’avec l’inscription du télétravail dans la durée, certains de ces emplois soient délocalisés, certains talents choisissant de travailler à distance depuis l’étranger ?

Il s’agit d’un danger relatif. En « année normale », la branche Syntec crée 60 000 emplois nets par an en France. Une étude que nous avons commandée montre qu’il ne faut pas craindre la délocalisation d’emplois à très forte valeur ajoutée suite à la généralisation du télétravail. En revanche, il faut rester attentif au fait que les conditions d’emploi de nos cadres ne soient pas trop désavantageuses par rapport à d’autres pays. Si c’était le cas, les groupes internationaux pourraient avoir la tentation de créer davantage d’emplois dans d’autres pays plutôt qu’en France. Notre pays devrait donc faire face à des pertes d’opportunités que de véritables délocalisations. De plus, il convient de rappeler que l’Hexagone est en manque de talents, de compétences qualifiées dans des filières comme le numérique, la cybersécurité, la data science, etc. Nous ne formons pas assez d’ingénieurs, de consultants destinés à l’ensemble de ces services immatériels. Ce volet me préoccupe bien plus.

Quel rôle positif peut jouer l’industrie de la connaissance dans la réduction de la fracture territoriale ?

Ces trente dernières années, ce sont les métropoles qui ont concentré l’essentiel de la croissance. L’industrie de la connaissance y a contribué. Mais ce mouvement a mis à l’écart du progrès, de nombreuses zones rurales, mais également des villes moyennes dans lesquelles vivent beaucoup de nos compatriotes. C’est pourquoi, dans mon livre, je préconise de concentrer les efforts vers les villes moyennes qui possèdent des exécutifs de qualité en aidant à la réindustrialisation de ces territoires et en procédant à la déconcentration des services publics en faveur de ces mêmes communes. C’est cela qui va attirer l’activité et provoquer l’arrivée des cadres. On doit pouvoir y trouver un emploi pour les deux conjoints si on veut qu’ils s’y installent et dynamisent ces lieux.

La question de la souveraineté est essentielle. Qu’attendez-vous de la France alors qu’elle vient de prendre la présidence de l’Union européenne ?

Je préside depuis plus de trois ans (donc avant le début de la crise sanitaire) la Commission souveraineté et sécurité du Medef. C’est un sujet qui, bien sûr, relève des Etats, mais dont les entreprises ne peuvent se désintéresser. Il s’agit du destin économique de notre pays et ne voudrions pas être, dans 5 ou 10 ans, devenus des filiales de groupes extra-européens. C’est pourquoi il est indispensable de développer en France et en Europe des champions. C’est pourquoi, dans nos discussions avec le ministère des Finances, nous avons proposé à Bercy une approche en trois cercles concentriques :

- Quels sont les équipements, les produits, les éléments de chaîne de valeur industrielle qu’il faut absolument maîtriser en France ?

- Quels sont ceux que l’on peut partager avec nos voisins européens ?

- Que peut-on continuer à acheter dans le reste du monde ?

L’idée n’est pas d’être indépendant partout, mais d’assumer et de maîtriser nos dépendances. En ce qui concerne la présidence française, nous attendons que les actions qui ont été engagées, notamment pour réguler davantage les GAFAM, pour progresser via l’initiative GaïaX vers un cloud européen, se poursuivent. Nous attendons aussi de l’Europe que l’affirmation de sa stratégie d’autonomie (en relais de la stratégie d’autonomie française) se confirme avec des grands programmes de R&D.

(1) Les nouveaux chemins de la croissance: Comment l'industrie de la connaissance va façonner le monde, Editions Dunod (2021).

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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