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Réforme des retraites: ce qui va changer pour les femmes

"Les femmes seront les grandes gagnantes du système
universel", a promis Edouard Philippe. Le nouveau système
accordera des points supplémentaires pour chaque enfant et ce
dès le premier enfant - et non à partir du 3e comme aujourd'hui.

"Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel", a promis Edouard Philippe. Le nouveau système accordera des points supplémentaires pour chaque enfant et ce dès le premier enfant - et non à partir du 3e comme aujourd'hui. - Jean-François Monier - AFP

Pour le premier ministre, "Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel". Une affirmation réfutée par l'opposition et plusieurs féministes qui soulignent que seules les mères de famille y gagneront et que rien n'est prévu pour lutter contre les disparités salariales entre hommes et femmes.

"Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel", a assuré le Premier ministre lors de son discours de présentation du projet de réforme des retraites. Des points supplémentaires seront notamment accordés "dès le premier enfant", a-t-il précisé. "Nous construisons donc un système de retraite plus juste pour les femmes". 

Dans les mesures dévoilées ce mercredi, le Premier ministre a détaillé ce qui sera mis en place pour réparer des situations qui les pénalisent à cause des périodes de grossesse et des congés parentaux, mais aussi parce que les femmes travaillent plus souvent à temps partiel et qu'elles se retrouvent plus souvent au chômage. Ainsi, en 2018, l’âge moyen de départ à la retraite pour les hommes était de 62,4 ans avec une pension moyenne brut de 1933 euros, contre 63 ans et 1123 euros de pension pour les femmes, hors éventuelle réversion.

"Le système universel devrait remédier" à ces écarts, a annoncé Edouard Philippe, "d'abord en compensant la maternité à 100%, évidemment". Dans son projet, il propose des points supplémentaires dès le premier enfant "et non à partir du troisième comme aujourd'hui". Une "majoration de 5%" sera accordée dès le premier enfant, majoration portée à 7% par enfant après le troisième. Enfin, l'âge d'annulation de la décote passe de 67 à 64 ans.

Ces dispositions ne semblent pas convenir à l'opposition. Sur Twitter, Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, avance que les femmes "sont toujours les grandes perdantes" de la réforme et "claironner l'inverse ne suffit pas à changer cette réalité". Le Parti Socialiste pointe la "fin des huit trimestres validés par enfant".

Les disparités salariales

Les critiques portent aussi sur le fait que seules les mères de famille bénéficient de majorations. Rien donc pour compenser les disparités salariales qui inéluctablement aboutissent à des pensions inférieures par rapport aux hommes. Rien non plus sur le travail temps partiel imposé et non choisi.

Selon l'Observatoire des inégalités, qui s'appuie sur les chiffres 2015 de l'Insee et ceux du ministère du Travail, les disparités salariales entre hommes et femmes sont évaluées 18,5%. À équivalent temps plein, le salaire mensuel net moyen des hommes s'élève à 2438 euros, contre 1986 euros pour les femmes, soit une différence est donc de 452 euros.

Et pour illustrer l'aggravation de la situation, de nombreux opposants à la réforme reprennent l'argument de Philippe Martinez sur les conséquences du système de retraite à points instauré en Suède qui a pénalisé les femmes par rapport au système antérieur. 92% des femmes, contre 72% des hommes, auraient bénéficié d'une retraite supérieure sans la réforme. 

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco