Qui sont ces inventeurs qui tentent leur chance au concours Lépine?

Novices ou inventeurs en série, ils sont près de 550 à être présents à la Foire de Paris, dans l'espoir de voir leur invention distinguée par le jury. Mais peu importe le nombre de participations, l'âge, le sexe ou encore la profession, il faut avoir la bonne idée.
Le concours Lépine, organisé à la Foire de Paris, fête cette année sa 118e édition. Ce sont 542 inventions qui sont en lice cette année, les prix étant remis le 7 mai.
Né en 1901 sur une idée du préfet de police de l'époque Louis Lépine, le concours est un vrai tremplin dans la vie d'un inventeur, permettant aux novices de passer de l'ombre à la lumière auprès des investisseurs, ou de trouver des distributeurs pour les projets les plus aboutis. Certaines éditions ont fait émerger des objets devenus indispensables comme le stylo à bille, le presse-purée, le fer à repasser à vapeur ou les lentilles de contact.
542 inventions en lice pour la remise des prix le 7 mai
"Je ne concours plus pour une médaille mais pour le podium": Jacques Pitou, inventeur d'un "drone pompier" pour lutter contre les reprises d'incendies, espère que ce sera l'année de sa consécration. Cet ancien publicitaire de 52 ans a plus de 35 brevets à son actif mais n'a encore jamais remporté la première place du célèbre concours après treize participations. Une caserne des Bouches-du-Rhône serait déjà intéressée par son "drone bombardier" qui recharge ses réservoirs en se posant sur l'eau. "Je connais la machine Lépine et j'ai pris en expérience", assure cet inventeur.

Il ne semble pas craindre la concurrence mais garde un oeil sur les 500 autres inventeurs présents à la Foire de Paris. "Plus le projet est ambitieux, plus vous vous mettez la pression", reconnaît-il, en se préparant à une visite surprise du jury.
Des projets plus ou moins aboutis
Joseph Collibault, 72 ans, est lui aussi un inventeur en série. Son scooter tout terrain pour personnes à mobilité réduite est le troisième brevet qu'il dépose auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), étape obligatoire pour participer au concours. "Il y a des tas de choses à inventer ! Il suffit de se balader et de regarder les problématiques des gens", explique-il, racontant avoir eu l'idée de son véhicule en discutant avec un centenaire enfermé chez lui, faute de fauteuil adapté aux graviers, jardins et terrains difficiles.
Face aux plus expérimentés, d'autres soumettent leur première invention sous forme de maquettes et prototypes. "Certains présentent des projets plus aboutis que d'autres et ont participé plusieurs fois, mais ce n'est pas la répétition des participations qui compte", souligne René-Georges Lavergne, président du jury. "Tous ont travaillé et savent de quoi ils parlent car c'est leur bébé".
Comme Clément Minière, ancien ingénieur, qui présente sa ruche connectée, destinée aux particuliers voulant s'essayer à l'apiculture. Des capteurs informent en direct sur la santé des abeilles via une application. Ou encore Gil Valadar et ses amis de l'Université Paris Sorbonne qui ont eu l'idée d'une poignée portative s'accrochant aux barres de métro pour éviter tout contact avec bactéries et microbes.

"De nombreux participants qui présentaient leur première invention ont gagné", assure René-Georges Lavergne. "On a connu de vraies success story de jeunes", rapporte-t-il, évoquant notamment Guillaume Rolland, âgé de 18 ans lors de sa participation en 2014, dont le réveil sensoriel a été incubé par Google en Europe et est désormais commercialisé par la société Becent fondée par l'inventeur en herbe.
Seulement 1% d'inventrices
Gina Perier, une architecte de 25 ans, n'a, pour sa part, pas vocation à devenir inventrice mais tient à faire connaître son urinoir féminin, installable dans les lieux publics, au nom de son engagement dans la défense des droits des femmes.

Les inventrices ne représentent encore que 1% des participants, selon les organisateurs. Parmi elles, Macha Brizay: "après 24 ans à travailler dans la lingerie, je me suis rendue compte que j'étais le cordonnier le plus mal chaussé", s'amuse-t-elle, en enfilant sa "braxière" à scratchs, un soutien-gorge sans armature ni agrafes, pensé aussi pour les femmes ayant subi l'ablation d'un sein.
D'autres aiment à se penser comme un pont entre générations d'inventeurs. Pascal Lemaur, professeur de technologie bientôt à la retraite, est venu accompagné de ses collégiens pour présenter leur "gilet connecté". En contact avec l'eau, celui-ci envoie un SMS aux secours avec les coordonnées GPS de la victime. "L'idée est née il y a quatre ans après qu'une élève a perdu son oncle noyé dans un port", confie-t-il.
En 2018, c'est le "MedPack", une station médicale extra-hospitalière mise au point par Samuel Mercier, un infirmier urgentiste aux pompiers de Paris, qui avait été récompensée.
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