Quand Michel-Edouard Leclerc traite des députés de "gosses" sur Twitter

D'ordinaire plutôt discret sur les réseaux sociaux, le patron des Centres E.Leclerc a eu des échanges musclés avec des députés au sujet de la "loi alimentation" qui va entrer en vigueur le 1er février prochain.
"Nananaire, on dirait un gosse. Quoi qu'on fasse bien, vous avez besoin qu'on soit votre ennemi, hein? Sans nous, quel vide". Petite ambiance de cour de récré ce lundi sur Twitter entre Michel-Edouard Leclerc et des détracteurs parmi lesquels on pouvait trouver le député LREM de la Creuse et agriculteur de son état Jean-Baptiste Moreau.
Tout est parti d'une photo postée sur Twitter par le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers. Il s'agit d'une affiche vue dans le magasin Leclerc de Lanester dans le Morbihan sur laquelle on peut lire une charge contre la loi alimentation votée en 2018 et très critiquée dans les médias par Michel-Edouard Leclerc. L'affiche reprend les arguments de E.Leclerc qui se demande en quoi la majoration des prix du Ricard ou du café Carte Noire va bénéficier aux paysans français.
Allez, parce qu’il n’y a pas que les #encheresCasino dans la vie (du retail), la dernière « créa » de #Leclerc Lanester... @EmmanuelMacron pic.twitter.com/BB9N9auOwO
— Olivier Dauvers (@Dauvers70) 20 janvier 2019

En résumé: Leclerc assure que la loi ne servira à rien. Le député Moreau lui rétorque qu'elle pourra peut-être éviter à l'enseigne de faire pression sur les petits producteurs. Ce à quoi Leclerc répond que son enseigne supporte et met en avant des petits producteurs. Très peu, selon le député. Bref un dialogue de sourd.
Que dit la loi alimentation qui va entrer en vigueur?
Avant qu'un autre député entre dans la conversation pour défendre son confrère. Gregory Besson Moreau, élu de l'Aube et membre de la Commission des affaires économique à l'Assemblée Nationale, accuse Leclerc de faire financer ses gros rabais sur les produits de grande marque comme le Nutella en faisant ensuite pression sur les agriculteurs.
Michel-Edouard Leclerc abandonne la discussion en jetant une dernière pique en assurant qu'après tout ce n'est pas son problème et que c'est la majorité qui devra assumer les hausses de prix en magasin auprès des consommateurs.

Pour rappel, la loi sur l'agriculture et l'alimentation dite EGalim doit entrer en vigueur le 1er février prochain. Elle va durant deux ans encadrer les promotions (interdiction du "un acheté un offert"), interdire l'emploi du mot "gratuit" pour les produits alimentaires et surtout obliger les distributeurs à revendre les produits alimentaires au moins 10% plus cher que le prix d'achat.
Mais la hausse des prix ne sera pas générale puisque l'essentiel des produits sont vendus avec une marge supérieure (93% d'entre eux même selon les estimations du gouvernement) et ne seront donc pas concernés par la loi. Seuls le seront les produits d'appel comme le pastis Ricard, le Nutella ou le café Carte Noire. D'où la discussion entre Leclerc et les députés. Le premier pense que vendre ces quelques produits plus cher ne profitera pas aux producteurs et nuira au pouvoir d'achat. Les seconds estimant eux que cette diminution de la pression promotionnelle ne contraindra plus les distributeurs à faire payer le coût des promos aux petits producteurs français.
Frédéric BIANCHI
Journaliste
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