Pourquoi la France doit plus que jamais contrôler l'évolution des dépenses publiques

Avec une croissance révisée à la baisse et le choix de faire des baisses d'impôts une priorité, il est encore plus impératif pour le gouvernement de poursuivre la maîtrise rigoureuse des dépenses, prévient le Haut conseil des finances publiques.
Dérapage interdit! En 2018, le déficit a été plus faible que prévu en partie grâce au strict contrôle des dépenses de l'État. Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin n'a d'ailleurs pas manqué de s'en féliciter. Il est encore plus impératif aujourd'hui de poursuivre avec cette rigueur si le gouvernement veut atteindre ses objectifs en matière de désendettement, a souligné le Haut conseil des finances publiques (HCFP) dans un avis rendu ce mercredi.
Cette instance indépendante est chargée d'évaluer la crédibilité des prévisions économiques du gouvernement. Ce dernier a finalisé ce matin son Programme de stabilité, qu'il doit envoyé à Bruxelles d'ici la fin du mois. Par rapport à l'année dernière, la copie a bien changé. Auditionné au Sénat, le président du HCFP, Didier Migaud le reconnait volontiers: "Le gouvernement a souhaité rendre plus crédible le scénario macroéconomique".
Des objectifs de désendettement moins ambitieux
L'année dernière, le gouvernement prévoyait 1,7% de croissance entre 2020 et 2022, un chiffre jugé "optimiste" à l'époque par le Haut conseil. "Un scénario optimiste de croissance tend à minorer le déficit et afficher une trajectoire favorable de dette publique", selon Didier Migaud. En effet, le gouvernement assurait que la France afficherait un excédent budgétaire en 2022 et que la dette serait réduite de plus de 7 points par rapport à 2018!
Depuis, l'évolution du contexte économique international et européen a contraint le gouvernement a redescendre sur terre. Il table désormais sur une croissance de 1,4%, prévoit de ramener le déficit à 1,2% et de diminuer la dette de... 1,6 point sur la même période. Et il n'est pas impossible que les mesures post-grand débat modifient à nouveau ces objectifs.
Les baisses d'impôts privilégiées
Cette révision "significative" de la trajectoire de la dette est due "pour moitié à la révision de la croissance" et "un peu moins de la moitié par les choix faits en matière de finances publiques", souligne Didier Migaud.
L'exécutif a en effet décidé une "baisse supplémentaire de prélèvement obligatoire, sans effort supplémentaire de maîtrise de la dépense publique". En 2017, le gouvernement avait promis une baisse de 1 point de pourcentage des impôts sur le quinquennat. Il vient de relever cet objectif à 1,4. Les mesures post-grand débat qui n'ont pas encore été annoncées, mais si on en croit le discours du gouvernement, les baisses d'impôts pourraient être encore plus importantes. Leur impact sur le déficit dépendra du choix retenu pour les financer.
Déjà en l'état, cette "réduction sensiblement moindres" du déficit et de la dette "rend d'autant plus nécessaire un strict respect des objectifs de dépense publique si les pouvoirs publics veulent respecter les engagements pris", estime Didier Migaud.
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