Les comptes de la Sécu risquent de déraper avec les mesures pour les gilets jaunes et la faible croissance

Le retour à l'équilibre de la Sécurité sociale, initialement prévu en 2019, est "remis en question" par les mesures d'urgence adoptées en réponse au mouvement des gilets jaunes et la dégradation de la conjoncture économique.
Les comptes de la Sécurité sociale devaient être à l'équilibre dès cette année. Un rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale consulté par l'AFP remet en question ce programme gouvernemental. Le document, révélé par Les Echos, anticipe même une forte dégradation des budgets causée par un double facteur : les mesures prises pour répondre aux demandes des gilets jaunes et une conjoncture économique dégradée.
Le déficit du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV, qui verse les cotisations retraites des chômeurs et le minimum vieillesse) est attendu à 3,6 milliards d'euros en 2019, loin de l'excédent de 100 millions d'euros visé par le budget de la Sécu adopté en décembre. En 2018, ce déficit s'était établi à 1,2 milliard d'euros, selon le gouvernement.
La baisse du taux de CSG pour une partie des retraités
Dès janvier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait prévenu que "le retour à l'équilibre en 2019 (était) compromis" en raison des annonces présidentielles de décembre, en pleine crise des "gilets jaunes". La baisse du taux de CSG pour une partie des retraités et l'avancement au 1er janvier - au lieu du 1er avril - de l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires vont en effet priver la Sécu de 2,6 milliards d'euros de recettes si elle ne sont pas compensées par l'Etat.
A cela s'ajoute "les effets potentiels de la dégradation de l'environnement macroéconomique", évalués à 1,2 milliard d'euros, souligne le Haut conseil du financement de la protection sociale dans son projet d'état des lieux annuel, daté du 18 mars. "La croissance du PIB pourrait être comprise entre 1,3% (prévision de la Commission européenne) et 1,5% (prévision de la Banque de France), tandis que la masse salariale pourrait ne progresser que de 3% au lieu des 3,5% attendus", rappelle le Haut conseil.
Dans son "programme de stabilité" budgétaire publié en avril, le gouvernement table sur une croissance de 1,4% cette année et une masse salariale en hausse de 3,1%. Sans amélioration "sensible" du contexte économique ni compensation des mesures d'urgence, "des déficits pourraient également persister à moyen terme (de l'ordre de 2 milliards d'euros selon certaines conventions)", prévient le Haut conseil.
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