Le patronat français demande à l'Europe d'accepter la fusion d'Alstom et Siemens

Pour le président du Medef, la fusion Alstom/Siemens qui risque d'être rejetée par la Commission européenne est indispensable pour faire face à des géants mondiaux. Il plaide pour "la constitution de champions européens" face aux américains, aux coréens et aux chinois.
"La constitution de champions européens est absolument indispensable" face à la concurrence chinoise et américaine, a estimé mardi le président du Medef (patronat français) Geoffroy Roux de Bézieux, à la veille d'un probable rejet de la fusion entre le français Alstom et l'allemand Siemens par la Commission européenne.
"Le sujet ce n'est pas de savoir s'il y a un problème de concurrence en Europe, c'est de voir comment mondialement, on arrive à créer un champion européen face aux Chinois et face aux Américains", a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux à l'occasion du lancement par le Medef de sa campagne pro-européenne avant les élections du 26 mai.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a tenu mardi un discours défendant les règles en vigueur de la concurrence dans l'UE (Union européenne), où un géant du ferroviaire issu d'une fusion entre les groupes français et allemand aurait une position dominante, tout en restant de dimension bien plus modeste que le chinois CRRC.
"Ras-le-bol d'une vision consumériste de la concurrence"
La commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager fait valoir les avantages d'un marché concurrentiel, notamment sur les prix et l'innovation. Une vision fondée, selon le Medef, sur de "grands principes", mais non conforme à la "réalité opérationnelle".
Le président de la première organisation patronale française a mis en garde contre un "sentiment de ras-le-bol de cette vision de la concurrence strictement consumériste". "Il y a un moment, s'il n'y a plus de producteurs, il n'y a plus de consommateurs", a-t-il ajouté.
Rappelant que l'Europe avait été en pointe dans les réseaux de télécoms il y a 20 ans avec la norme GSM de deuxième génération, Geoffroy Roux de Bézieux a déploré que "malheureusement on n'innove plus en Europe sur ces sujets-là. Cela se passe soit en Silicon Valley soit en Corée, soit en Chine". "Maintenant, on débat pour savoir si (le chinois) Huawei doit être autorisé à fournir des réseaux de télécoms aux Européens - donc c'est un drame", a-t-il jugé.
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