Le Crédit Suisse éclaboussé par un scandale de blanchiment à 100 milliards de francs suisses

Crédit Suisse prête de plus en plus à ses clients très riches, pour acheter des yachts. - Fabrice Coffrini - AFP
Les nuages continuent de s'amonceler sur le Crédit Suisse. La deuxième banque suisse qui a enregistré plus de 1,5 milliard d'euros de perte en 2021 dans un contexte pourtant favorable aux banques est empêtrée dans de nombreux scandales depuis quelques années.
Une nouvelle affaire est venue ce week-end éclabousser l'établissement bancaire. Plusieurs médias ayant rapporté, à la suite d'une fuite massive de données, que la banque suisse avait hébergé des fonds d'origine criminelle ou illicite.
Ces données, qui portent sur des comptes hébergés au Crédit Suisse entre les années 1940 et les années 2010, ont été transmises anonymement au quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung. Il s'agirait de 18.000 comptes appartenant à 37.000 personnes physiques par lesquels auraient transité quelque 100 milliards de francs suisses d'origine criminelle ou illicite selon le New York Times.
Car le quotidien allemand a fait parvenir les documents à l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et 46 médias, dont le Monde, le New York Times et le Guardian. L'enquête publiée dimanche affirme entre autres que la banque helvétique a pendant plusieurs décennies hébergé les comptes de responsables de violations des droits de l'homme et d'individus et entreprises visés par des sanctions.
L'Europe peu concernée
Argent de dictateurs, provenant de la corruption politique ou même d'origine mafieuse, ces fonds proviendraient principalement d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Asie mais marginalement d'Europe (moins de 1% des fonds concernés selon l'enquête internationale). Le roi du Kazakhstan, celui de Jordanie, des cadres de grands groupes comme Siemens ou encore des mafieux bulgares feraient partie des détenteurs de comptes.
"Nous sommes au courant de ces articles", a déclaré à Reuters un porte-parole de l'Autorité fédérale suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA). Le respect des réglementations en matière de blanchiment d'argent est au cœur de nos activités de surveillance depuis des années."
Credit Suisse a déclaré dimanche "rejeter fermement" les accusations portées à son encontre.
"Ces allégations des médias participent à un effort concerté pour discrétiser la place financière suisse, qui a subi des changements fondamentaux depuis la crise financière mondiale", assure un porte-parole du groupe bancaire helvétique.
Si les soupçons de place forte internationale de la finance illicite ne sont pas nouveaux concernant la Suisse, le secret bancaire empêchait jusqu'à il y a peu de mettre au jour ces pratiques.
Mais la levée progressive du secret bancaire suisse sous la pression des Etats-Unis a permis durant les années 2010 de lever le voile sur un système qui avait initialement pour but de protéger les juifs des persécutions nazies en 1934 mais qui avait été détourné avec le temps pour cacher de l'argent frauduleux. Depuis 2017, la confédération fait partie du système d'échange automatique entre les administrations fiscales pour lutter contre l'évasion fiscale.